jeudi 22 avril 2010

Les infoutus 2 - De la place royale à la liberrrrrrrrrrrrrrrrrrté

Didier de Lannoy
alias Vié ba Diamba, alias Matiti ya Pamba
Fej et Dijo
ou
les Infoutus de la vie

croquis, crayons ou pochades qui procèdent tous de la même « approche » que les dépêches AnaCo et les chroniques Huppé cul : des histoires brèves (lisibles sur écran, qu’on zappe ou qu’on imprime, qu’on classe ou qu’on supprime) ; des histoires qui s’intègrent dans un ensemble plus vaste (à charpente plus ou moins souple, à sauce plus ou moins gluante), comme des pièces d’un puzzle, à travers un dénominateur commun, des personnages récurrents et parfois même une trame (souvent obscure) ; des textes diffusés immédiatement après avoir été écrits, « just in time », par e-mail (à la merci des FAI : Un nouveau groupe armé ? Meuuunon, des fournisseurs d’accès internet !)...
2008-2009
Recueil
- On solde et on ferme !
d'extraits déjà diffusés par e-mail.

Fej ? Qui n'est-il pas ? Cliquez sur:
Dijo ? Qu'est-ce qu'elle n'aime pas ? Cliquez sur :

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-cinq-54183619.html



Place royale ?


Aujourd’hui, à 13.50, sur RTL-TVI, après notre séquence « Philippe et Mathilde ont échappé de justesse

- Aux narcotrafiquants ?

à la grippe* au Mexique** », suivrons-nous la famille royale hollandaise à Appeldoorn où sept personnes sont mortes, jeudi dernier 30 avril 2009, lors de la fête de la Reine, fauchées par

- Il avait perdu son emploi ! Un nouveau locataire devait venir visiter sa maison !

un infoutu, armé d’une simple automobile ?


* Une grippe qui n'est plus porcine ni mexicaine et qui porte un nom (comme une plaque minéralogique) très difficile à prononcer !

** Les grands magasins sont fermés, ma choupette, les casernes, les théâtres, El Zocala et la cathédrale, le musée Frida Kahlo, les piscines, les patinoires, les stades, les hôpitaux, les écoles, les cinémas, les prisons, les gares routières, les restaurants, les marchés, les stations de métro, la place des trois cultures, les jardins zoologiques, le Musée National Anthropologique, les champs de courses et les sites archéologiques aussi… Plus d'églises à visiter, plus de mains à serrer ni d’accords commerciaux à parafer... Si nous profitions du soleil pour faire

- On va jusqu’au Chiapas, mon choupinet ?

du vélo ?


Ce n’est pas Darwin, c’est Dieu qui a créé le monde


L’araignée, le grillon et la sauterelle (tenant son sac serré contre sa poitrine), le taon, la limace et le lombric (tout nu dans son jardin, surveillant ses plantes et regardant son petit linge sécher), le scorpion et le scolopendre, la punaise et l’attache-tout, la puce, le poux, la pince à épiler et le morpion, le cloporte, la blatte et l'infoutu…

Qu’en dire ? Rien, sinon que tout ce monde-là mange bien... Et que tout ce monde-là trouve aussi à être mangé…

Toute personne est la nourriture d’une autre personne. Toute créature

- Vive Dieu !

a été créée au goût d’une autre créature.


Alerte sanitaire : dans le cochon tout n'est plus bon


à Hans Samyn, Marta Salazar, Mohamed Belhouari, Toula Aslanidis et Jamal Tahtah


Ne plus sucer le bonbon de la grande fille du charcutier, ne plus serrer la main d'un ancien éleveur de volailles qui

- Par dépit amoureux ! Toutes ses gagneuses l'ayant quitté ! Emportées par la grippe aviaire, l’année dernière, ou parties rejoindre une escadrille d’oiseaux migrateurs !

s'est lancé dans l'élevage porcin, ne plus échanger des propos graveleux avec un préposé à l'entretien des soues et des auges, ne plus faire la file devant le banc de communion de la boucherie Magerotte à Nassogne, ne plus fréquenter les marchés, les autobus et les métros, les cours de récréation et les camps de concentration.

Ne plus se faire greffer le cœur d’un(e) cochon(ne) qui ne vous a pas été présenté(e) et dont on ne connaît pas bien les parents, les convictions religieuses, les engagements politiques, les problèmes psychologiques, les tendances sexuelles et l’histoire de santé. Ne plus sympathiser et partager

- En forme ? Ça fait longtemps ! Ça va sinon ?

des moments intimes avec une laie

- Sans papiers !

sortant de la forêt ou un phacochère issu de l'immigration.


Bonne gouvernance


Dijo voudrait

- Range ton bureau ! Mets de l’ordre dans tes affaires! N’oublie pas de vider le pispot (ce n’est quand même pas à moi de faire ça, oh !) ! Replace les disques dans leur pochette ! Jette tes fiches et brûle tes manuscrits! Paie tes impôts ! Lave ton verre et ton assiette ! Rase-toi ! Brosse-toi les dents et (tu commences à sentir mauvais, eh !) change de T-shirt et de slip de temps en temps !

que Fej prépare son infoutue sortie de route

- Prendre chaque jour 7 dattes dénoyautées et trempées dans un bol de lait ! S’assurer de la disponibilité de l’équipement, du matériel et des médicaments nécessaires ! Fixer joyeusement le lieu et le jour du début de la fête (matanga ko !) en tenant compte de la disponibilité des uns et des autres ! Choisir de partir, de préférence, au début du mois, juste après que les gens aient touché ! Mais surtout pas un jeudi, jour de scrabble, oh !

comme on prépare un foutu

- Avec une check-list ! Vétilleusement !

accouchement ?


La recherche et la documentation au service du monde libre


Installons un extracteur de cris et de hurlements

- Pour un meilleur rendement ! Les sanglots et les supplications des constuprés déconcentrent, en effet, et distraient de leurs tâches les chercheurs et les documentalistes affectés aux salles et ateliers de noyade, de brûlage des orteils et d’exorbitation des yeux !

dans les chambres de torture et d’abattage des sales chiens puants et des porcs fétides et répugnants !

extracteur de cris et hurlements, dont les matons dévoués et les tortionnaires méritants peuvent se servir également, en privé, dans un motel de rendez-vous, situé à proximité de la base militaire, où ils sont invités à passer, aux frais du gouvernement, quelques moments de détente et de douceur en compagnie de leur maîtresse légitime ou de la baby-sitter latino (et sans papiers) de leurs enfançons, comme extracteur de râles

- Que la quiétude du personnel d'entretien ne soit pas perturbée !

érotiques, non ?


Le travail de chair


Bien sûr qu'il faut gagner sa vie.

Mais le travail de chair est un vrai boulot. Un commerce à

- Arrachage de sacs ! Viols ! Exigences abusives ! Passages à tabac ! Coups de foudre !

risques. On n’embrasse pas un vieux pitbull sur la nuque

- Même ofele ! On pourrait prendre de mauvais coups !

lorsqu'il fait mine de somnoler devant sa guérite avec son râtelier baignant dans son écuelle, à portée de la main, ni même un porc-épic, emballé comme un rouleau de printemps dans une feuille de salade ou de chou. On ne séduit pas non plus

- Sans effet!

un prince charmant des Emirats Arabes Unis en se posant de grosses lunettes de professeur myope sur la trompette et en s’appliquant à corriger un gros paquet poisseux de copies raturées dans un restaurant chinois de Belleville.

Mieux vaut réfléchir et se fixer des règles d’engagement avant de partir à la recherche de la personne avec qui

- Un missionnaire de Scheut défroqué ou un millionnaire titré en Bourse ? Un marchand de morue ou un professeur de langues mortes ? Un homme marié démis de ses fonctions par son épouse enceinte ?

et quand

- Le vendredi, après la prière du soir ? En regardant un match de foot à la télé ? Pendant l’heure de table ? Après un séjour de trois semaines dans un hôpital psychiatrique ? Entre la vie et la mort ? Après la grand-messe du dimanche, entre les Vêpres et le Salut ?

et où

- Au bord de l’autoroute ou dans l’enceinte d’une caserne, dans un ascenseur extérieur et transparent, dans un nid de cigogne accroché au sommet d’un clocher d’église désaffectée ou d’une ancienne cheminée d’usine, à l’arrière d’une camionnette de livraison ou dans un vieux camping-car ? Dans les jardins de la Cité administrative de l’Etat, à la gare de la Chapelle, dans le hall de la Bourse, dans un vide technique de la station de métro Arts-Loi ?

et de quelle manière et à quelles conditions

- Contre de l’argent bien sûr (il faut coucher utile, ne pas se fier aux apparences, effectuer des repérages, interroger les barmans et les taximans) et avec un préservatif, pour se protéger du péché !

on peut accomplir l’acte de chair, sans danger, à des fins strictement commerciales et non reproductives.


Dieu-le-Jan


A Nicole Legrand et Paul Van Ackere


Profondément déprimé, le visage couvert d’une toile d’araignée, ayant vendu ses papiers d’identité à un checkouliste zaïrois et n’étant plus en règle de mutuelle, les paupières tombantes et les tympans perforés, souffrant du dos et ayant du mal à cacher son alcoolisme, soupçonné d’être un tueur en série de chats du quartier, de revendre des vélos piratés, des machines à coudre Singer à pédale et de vieux fers à repasser au marché aux puces de la place du Jeu de Balle, de braconner sur les terres et dans les eaux d’autrui (un essaim d’abeilles pondeuses, toute une bande de joyeux papillons qui se promenaient en famille dans le bois de la Cambre, quelques panneaux de signalisation routière, dix-sept crabes pêchés illégalement, à la main, de nuit, dans le lac de Grevelingen) et de voler des statues (surtout celles de La Malibran ou de la maîtresse du général Boulanger) de belles étrangères dans les cimetières d’Ixelles ou de Bruxelles, un infoutu

- Il s’appelait Jan et se prenait pour Dieu !

vivait reclus dans le grenier et le clocher d’une chapelle en ruines qu’il partageait, en parfaite intelligence, avec une colonie de pigeons marrons.

Deux fois pourtant, depuis la fin de l'hiver, Dieu-le-Jan, ancien collectionneur de moulins à café, s’était risqué à sortir de son antre… Et, chaque fois, il s’était fait choper

- Etes-vous sans domicile fixe ? Où ça ? Prouvez-le ! Ouvrez votre sac ! Produisez la facture de votre brosse à dents et de votre tube de dentifrice ! Vos slips sont-ils neufs ou usagés ?

par les flics.

La première fois, c’était un lundi ou même un mercredi et ça se passait dans les toilettes d’une grande surface…

Dieu-le-Jan, en effet, se brossait les dents, se gargarisait, se mouchait, éternuait et expectorait bruyamment dans les toilettes mises à la disposition de la clientèle féminine du magasin… et se proposait, ainsi rafraîchi et quasiment remis à neuf, d’aller jouer aux cartes avec quelques vieux potes dans le sous-sol d’un phone-shop…

La deuxième fois, c’était pendant le week-end et ça se passait à la gare du Luxembourg…

Dieu-le-Jan, en effet, revenait en train

- De Limal ?

- Jamais !

d’Ottignies… où il avait l’habitude, chaque premier dimanche suivant la pleine lune de l’équinoxe de printemps, d’aller voler les petites culottes de couleur bleue, jaune, verte, rose ou rouge que les femmes divorcées, les religieuses défroquées ou les veuves délaissées

- Comme un cri de détresse, un appel de phare, une corne de brume ?

de ce grand village urbain (ou de cette petite ville rurale) du Brabant wallon, ne se résignant pas à ne plus être honorées, se plaisaient à mettre sécher

- Pour affoler des infoutus, des mâles errants, des galvaudeux et des saisonniers chassés du troupeau pour avoir tenu des propos obscènes ou avoir eu des comportements offensants, des chômeurs sexuels, des exclus du marché de l’amour bruxellois ?

dans leur jardin (sur l’herbe, un fil, un muret, une haie ou, même, sur la balançoire des enfants) les jours de grand soleil, en fin de semaine, à moins de deux kilomètres à pied de la gare de chemin de fer, comme des œufs de Pâques…


Du Zola tropicalisé ?


Dijo est-elle la cadette infoutue d’une famille de paysans sans terre

- Et sans préservatifs ! Et sans télévision ! Et tout le monde (parents et enfants, grands et petits, filles et garçons) vit et dort dans la même pièce !

de dix-huit

- Toutes matrices confondues ! Vingt-quatre ou vingt-cinq lardons, si on compte aussi les foetus expulsés brutalement (à l’aide une poire à lavements à l’eau de Javel et au pili-pili ou avec une aiguille à tricoter trempée dans une chopine d’eau bénite ou à coups de grolles ou de matraque dans le placard à saucisses) !

enfants mais aussi le coup de coeur de parents de seconde main qui l’ont achetée à un vieil oncle maussade, au bord de la grand-route, dans un pays de plages et de palmiers, pendant que sa mère (prétendument veuve, impotente, sidatique ou décédée) était partie travailler aux champs ou vendre du manioc et des ignames au marché ? Fait-elle, à présent, partie d’une bande de djeuns

- Des cailleras qui travaillent avec des tournevis et des armes en plastique peintes en noir ? Des pirates qui découpent leurs cagoules dans des sacs de Lidl ou dans des manches de gros pulls de laine ? Des "casques bleus" qui cachent une demi-lame de rasoir sous leur langue ?

dont les clients (le facteur qui transporte un pain turc dans sa sacoche, l’épicier de la place Hendrik Conscience, la serveuse de boutique de fringues et l'amazone des fins de mois difficiles, le boucher hallal du bas de la rue Maes, le plombier retraité qui travaille quelquefois au noir, l’architecte au chômage et le vendeur de journaux qui renseigne les flics du commissariat de la rue du Collège) sont des gens du quartier ? Dans le sous-sol de quel bâtiment scolaire ou dans quelle sacristie, à la veille de quelle communion solennelle, a-t-elle, à l’âge de dix ou onze ans, définitivement renoncé au projet d’arriver vierge au mariage ? A la suite de quelles circonstances a-t-elle abandonné l’idée de faire des études d’aide-couturière, d’aide-soignante, d’aide-ménagère ou d'aide-gardienne d'enfants ? Accepterait-elle, une fois morte, moyennant une petite compensation financière à verser à la tantine qui s'occupe de son bâtard, après avoir été abattue, pointée, égorgée ou pendue (par Fej, la police, un ancien professeur de religion, une de ses victimes, un demi-frère ou un amant), d’être exposée nue dans

- Dans un lieu chauffé et bien gardé ! A l’abri du vent ! On y reçoit pas mal de visites ! C'est mieux qu'un cimetière, non?

un musée de la femme callipyge, des sciences coloniales ou des sciences criminelles ?


A cause de cette saleté d’Octavien, le convoiteux


Marc Antoine a-t-il été mordu par Cléopâtre

- Du tourisme sexuel qui aurait bien (puis mal) tourné ? Une invasion du Moyen-Orient par l’Amérique et l’Otan ?

et

- son nez infoutu, ses lèvres trop fines et son menton protubérant… ses charmes amoureux…

Cléopâtre s’est-elle jetée sur l’épée de Marc Antoine ?


C’est toujours la nuit que ça se passe


En été, quand il y a plein de soleil et beaucoup d’estivants, on ramasse

- C’est toujours la nuit que ça se passe, pour détartrer les bords de mer sans déranger personne !

les corps des infoutus venus saligoter les plages et on brûle

- C’est toujours la nuit que ça se passe, pour éviter de barbouiller le ciel tout bleu !

rapidement, sans un bruit, leurs excréments, guenilles, épluchures et cadavres honteux.


L'ascèse et le serpent


D’abord le serpent s’est doté d’un très long cou, pour ailler voir ailleurs, accéder à des nourritures difficiles, se glisser à travers un soupirail, entrer dans la maison des gens par le hublot des fesses, accéder au plus profond de leurs tripes.

Ensuite, il a cessé

- Superflu, quoi ! Adventice, oiseux, parasitaire, explétif et redondant

d’avoir un infoutu reste du corps (des bras et des jambes, des nageoires et des ailerons, des lunettes et un nez, des oreilles et des boucles d'oreilles, des chevilles et des bracelets, un piercing à la lèvre ou au nombril, une paire de couilles pendantes et ballottantes ou des tissus adipeux très développés au niveau des fesses) dont il ne se servait presque plus et n’avait pas vraiment besoin pour dénicher des œufs, cueillir des noix de coco ou débusquer des rats palmistes


Fej ne ressuscite pas


à Carmelo Virone


Fej vient de se découvrir (dégénérescence des cellules du cerveau ? mouvement involontaires ? troubles du langage et

- Vous vous étranglez avec votre propre salive, peut-être ?

- Vous croyez, sans doute, que je m'étrangle avec la salive de quelqu'un d'autre ?

de la déglutition) une nouvelle

- Ce n'est plus Alka-Seltzer ?

maladie pour infoutu : Huntington !

Fej ne ressuscite jamais, il saute

- A la* marelle !

d’une maladie

- Chaque fois qu’elle me quitte, j’en prends une autre !

à l’autre, il est infoutu, il est immortel.


* Carmelo Virone concourt, complète, complote, complique: « A la marelle, à la morelle, à la mortelle, à la mortadelle, allah morte adèle ».

Dijo, une jeune femme crapuleuse ?


Eblouie par le soleil alors qu’elle sortait, en titubant et en chantonnant, vers neuf heures du matin, d’une boîte de

- Et même plus !

toute la nuit, happée par une voiture, heurtée par un train, frappée par une bande

- Elle fréquentait des Juifs ou des Musulmans, des supporters du Standard de Liège ou du Sporting Club d’Anderlecht, des Flamands ou des Wallons, des Congolais ou des Rwandais, des Hindouistes ou des Bouddhistes, des filles et des garçons, un peu de tout, quoi !

de jeunes patriotes, une infoutue est morte sur place, sans même avoir requis ou obtenu l’assistance de personne, sans même avoir eu la patience ou la courtoisie d’attendre

- Quand ils ont voulu la mettre aux fers, la bâillonner, l’infibuler, la stériliser, l’expatrier, l’excommunier ou l'exclure du parti, ils se sont aperçus qu’elle était déjà morte !

l’arrivée des flics et des moralistes.


Les bonnes manières


Un crocodile de qualité

- Vous l'imaginez se précipiter dans le fleuve en courant, comme un infoutu ? Les crocodiles sont des chasseurs, pas des braconniers !

ne meurt pas de diarrhée. C’est une question d'éthique et de savoir-vivre.


La butte infoutue

à Alain Germoz


Une trentaine de militants d’organisations wallingantes ont gravi la butte de Waterloo pour en expulser un

- Va t’faire avorter, fœtus !

lion néerlandophone et le remplacer par un

- Franko kokooo kokophone !

coq.


La botte de foin


On peut

- Elle ne sent rien, j’te dis !

enfoncer toute une seringue dans les fesses d’une botte de foin et même en casser l’extrémité et laisser le bout

- J’te dis qu’elle ne sent rien !

de l'aiguille à l’intérieur de la viande.

On peut aussi

- Une excellente source de protéine, pourtant !

lui agiter

- Sans effet! Elle est infoutue de lui bonnir des mots d’amour, de l’empoigner par cravate ou le noeud de papillon, de le débarrasser de sa capote et de l’amener (après l’avoir piqué de coups de fourchette) frire sur une poêle !

un beau morceau de zizi, tout frétillant, rose et dodu comme un cervelas, au bout d’une canne à pêche.


Le bonheur


Le bonheur, ça s’attrape

- Pour le bouffer, non ?

comme un chat, ayant une chatte et plusieurs chatons à charge, attrape un infoutu.


La tortue


Une tortue en maillot de bain

- Voulez-vous bien, je vous prie, fermer les yeux !

demande à un infoutu de lui tendre les bras et de l’aider à sortir d’une baignoire.


Liberrrrrrrrrté


A Pascale Devil


La marmite ou le poêlon déborde.

Le lait bout et l’aspiration

- Absurde, furieuse, infoutue, azimutée !

à la liberté n’a plus aucune limite.

On s’évade de la prison, de l’usine, de l’hôpital, du pensionnat, de la maison de vieux ou de l’école maternelle, du couvent, de la mine, de la caserne, de la campagne, de la maison, de la cuisine, de la casserole. On plaque sa femme ou son mari. On abandonne ses chats, ses parents, ses habitudes, ses collections de timbres-postes et de boules à neige, sa langue maternelle, ses convictions profondes, ses propres enfants, ses fantasmes, son village ou sa rue.

On s’évade de tout. On s’évade de n’importe où et de n’importe quoi. On s’évade de tout le monde et de partout. On s’évade dans un sens et dans le sens contraire aussi.

De nos jours, les prisons

- Plus aucune ! Nulle part ! Si bien que les gérants de l’ordre établi s’efforcent de rassurer les fournisseurs et clients du système : « Pas de quoi s’inquiéter ! Tout est sous contrôle ! Il n’y a aucun problème ! Si ce n’est qu’au moment de l’évasion, il y avait de l’orage dans l’air…»

ne sont plus sûres ?


On déserte, on déménage, on démissionne, on abjure.

On quitte son pays, on s’exile

- Kobwaka nzoto !

on jette son corps, on s’arrache, on se tronque, on s’expulse, on s'extropie, on se proscrit... On transporte et on protège une carte, une liste d’adresses et de numéros de téléphone et quelques documents froissés dans un sac en plastique. On se sert d’un dictionnaire pour demander son chemin. On dort dans des voitures, chez des personnes de rencontre ou sur des cartons dans les aéroports, les halls de gare* ou les couloirs de métro. On ramasse un buste en bronze, un coupe-choux, un parapluie et une console de jeux sur un trottoir, on trouve des fringues, un paquet de biscuit et

- Périmés depuis moins d’une semaine !

des pots de yoghourt, des sachets de bonbons, un cordon ombilical, du riz brûlé, une carcasse de poulet et les oreilles écarlates d’un porcelet dans une poubelle.

On apprend à ne plus exister et à vivre autrement : en secret, zappé, ignoré de tous, illisible, invisible, inaudible, inodore, sous un masque ou dans un placard.

On peut aussi ne pas survivre et se faire couper le pied par une mine ou un piège à mâchoires et

- Avec un peu de chance, on obtient alors ses premiers papiers : un acte de décès ? On commencer alors d’exister ?

mourir sur une plage, dans un parking en sous-sol, sous un abribus, sur un tas d’ordures, au pied d’une grue de chantier, le long d’un boulevard, à l’entrée des bureaux de l'Office des Etrangers.

On s’évade de tout et de partout en menaçant le gardien d’armes imprévisibles : une brosse à dents grattée sur le sol pour la rendre pointue, un couteau à tartiner caché sous la reliure d’une bible ou d’un coran, un dentier tranchant emballé dans un caleçon, une guitare électrique transformée en arbalète ou

- Que ça lui pète à la figure !

une machine à café Philips avec un défaut de sécurité, un

- A lui plaquer sur la gueule !

déboucheur de toilettes à ventouse.

On calte. On joue du tambour pour appeler à la révolte. On décampe, on détale, on esquive, on disparaît. On oublie de

- Tu es en désaturation profonde, bandecon ! Ton cerveau manque d’oxygène, espèce d’individu ! La maladie d’Alka-Seltzer te guette, infoutu !

respirer et de battre la chamade. On fuit la guerre, l’amour, la haine ou la peur. On quitte aussi l’espérance.

On s’échappe, on se sauve, on s’envole. On en vient même à perdre la vie ou

- Avec la conviction de trouver mieux ailleurs ?

la raison.


* On apprend vite que la gare du Midi est fermée entre deux et quatre heures du matin.