jeudi 22 avril 2010

Les infoutus 1 - Des amourettes aux guerres de religion




Fej et Dijo
ou
les Infoutus de la vie


Vié ba Diamba et Mwana Danzé

croquis, crayons ou pochades qui procèdent tous de la même « approche » que les dépêches AnaCo et les chroniques Huppé cul : des histoires brèves (lisibles sur écran, qu’on zappe ou qu’on imprime, qu’on classe ou qu’on supprime) ; des histoires qui s’intègrent dans un ensemble plus vaste (à charpente plus ou moins souple, à sauce plus ou moins gluante), comme des pièces d’un puzzle, à travers un dénominateur commun, des personnages récurrents et parfois même une trame (souvent obscure) ; des textes diffusés immédiatement après avoir été écrits, « just in time », par e-mail (à la merci des FAI : Un nouveau groupe armé ? Meuuunon, des fournisseurs d’accès internet !)...

Didier de Lannoy - Recueil
- On solde et on ferme !
d'extraits déjà diffusés par e-mail
2008-2009

Fej ? Qui n'est-il pas ? Cliquez sur:
Dijo ? Qu'est-ce qu'elle n'aime pas ? Cliquez sur :

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Les amourettes

On peut toujours remplacer le chou-fleur par du céleri rave, le thon par de l’espadon, les endives par des poireaux, les courgettes par des champignons, le gel vaginal par la crème pour (ou contre) les hémorroïdes, le couscous par du riz, le ntaba par du makayabo, la kwanga par le foufou, l’huile d’olive par l’huile de palme, le jambon espagnol par le poulet braisé.

On peut aussi substituer un infoutu à un autre.

On peut également humidifier son pain avec du jus de tomate.

Et si on ne veut pas que la sauce soit trop piquante, on peut d’abord faire cuire le pili-pili* entier et le retirer de la casserole juste avant d’ajouter les aubergines


* Les radis rouges et les petites culottes ont ceci en commun que plus ils sont grands

- Plus ils coûtent cher ? Et plus ils sont juteux ?

moins ils piquent fort et moins ils sont goûteux.


Quelques conseils de prévention à l’usage des infoutus


Un infoutu n’oublie pas de glisser la main au plus profond de sa poche et de tripoter un doudou, un bouton, une photo, un bout de ficelle, une pièce de monnaie, un scapulaire ou une patte de lapin

- Ou même un sac de couilles !

avant de serrer la main d’une personne qu’il ne connaît pas bien et dont il se méfie.

Et quand un infoutu se transforme en python, il fait très attention à ne pas rouler sur un porc-épic.


Poto-poto


à Fiston Nasser Mwanza

qui me demande si j’ai suspendu la série des "Infoutus", si je suis en faillite, en grève ou en vacances et à qui j’ai promis

- Libanga, ko !

de dédicacer un infoutu « terrible », plein de rebondissements


Tout le monde disait que le truc de Ma Mado était une bouche

- Minée !

d'égout dont s’écoulait un filet

- Du poto-poto !

d’une boue organique faite de foutre, de pus, d’urine, de vomi, de fèces, de sang et de larmes…

Et pourtant le désir de l'herbivore de Yolo (craquant pour les femmes maraîchères, les marchandes de makala, les fabricantes de tangawisi ou de lotoko, les vendeuses de bananes ou de feuilles de manioc, les Iveco « qui ne fatiguent jamais » et les religieuses revenant de la prière) n’a pas failli, son sexe n’a pas tremblé, son sperme

- On dit qu'un infoutu a arraché la petite culotte de Ma Mado ! Et même qu'il l'aurait enceintée !

n’a pas tourné.

Des soldats viendront qui voudront l’emmener.

L'infoutu prendra aussitôt la fuite en direction du quartier Kimbangu.

Atteint d’un cancer

- Voilà ce qui explique qu’il devait, régulièrement, paître et, singulièrement, brouter des herbes médicinales et, sur recommandation de son guérisseur traitant, pisser, pisser, pisser constamment et maintenir (afin de libérer le sperme inutilisé stagnant dans ses canaux prostatiques) une fréquence éjaculatoire très élevée !

de la prostate ou de la vessie, l'infoutu ne mourra pas d’une crise cardiaque en tombant dans la rivière Kalamu en furie… Poursuivi par plusieurs jeunes du quartier, il sera roué, roué, roué, roué, roué, roué, roué de coups et, finalement, abattu d’une balle dans le dos en essayant de remonter sur sa croix dans l’église Saint-Joseph de Matonge… où des assistantes de direction, bien culées et bien poitrinées, s'occupaient

- Alleluiah !

à masser le cou, les épaules, le dos et l’entrejambe et à détendre les muscles et à dénouer les crampes d’un envoyé spécial de la maison mère à Rome et d’une bande d’évêques représentants placiers locaux, réunis en conseil d’administration extraordinaire, dans un contexte de crise économique et financière mondiale, afin de choisir

- Fernando Kutino ? Kafuta Sonny Rockman ? Fiston Nasser Mwanza ? Olangi Wosho ?

un repreneur capable de relever les nouveaux défis qui se posent à l’église catholique…


La lune


On sollicite le soleil pour être bien sûr de

- La nuit, furtivement, en passe-montagne et en chaussettes de laine, comme un infoutu dans un poulailler, en haut d’une échelle, s’éclairant à la chandelle, battant les nuages avec une gaule longue et légère pour en faire tomber les étoiles…

décrocher la lune.


Les cinq chantiers, oh !


à Judith Bisumbu et Denise Malderez


Deux castors

- Un couple d’infoutus ?

- Maman Bijou vs Papa Gaylord, alias Vieux Galopin, tous les deux imprégnés d’un excellent lotoko fabriqué et vendu par une jeune veuve de militaire, du côté du port !

aux cheveux presque argentés s’empoignent, s’emportent, se catchent, se scotchent

- Compétition pour le territoire ? Joute amoureuse ?

s’enlacent au bord du fleuve… et, après avoir fait leurs amours dans un « vide technique » de l’immeuble du CMK ou derrière une palissade de chantier, se font lubriquement écraser par un taxibus ou un fula-fula en traversant le boulevard du Trente Juin nouvellement réhabilité par les Chinois dans le cadre de la politique des tchentchantié, oh !


L’Ascension !


à Clément Lambilotte


Au fait, Clément, j'y pense, il existe

- A ce problème que tu m’exposes : comment se débarrasser de nos charognes alors que nos urines sont toxiques et que nos chairs sont imbibées de pesticides, de cocaïne, de diamba et d’antibiotiques et peut-être aussi entrelardées de pièces de rechange porteuses de dioxine, fabriquées en plastique ou à l'aide de métaux lourds difficilement recyclables ? Que faire de nos carcasses après la mort alors que nous ne pouvons plus, sans coinquiner le monde qui nous entoure, ni les enterrer, ni les brûler, ni les dissoudre, ni même les donner à manger aux indigents ?

une seule solution : l'Ascension !

Il faut ascensionner, se hisser jusqu'au soleil, comme Jésus... le premier des infoutus (avant même Icare, Laïka et Gagarine) à être monté là-haut avec sa valise, ses fringues, ses charentaises, sa boîte à outils (clous et marteau, boîte de cirage), son tube de dentifrice, son after-shave, ses dollars américains, son dentier, son oeil de verre, son mauvais caractère, son Althusser

- Alzeimer, Ducon !

ses rancunes, ses archives, ses recueils de sermons, ses albums de famille, son carnet d’adresses, ses résignations, ses aigreurs d'estomac, ses entrailles et son sac d'urine... tout ce qui pollue, quoi !


Les crottes de lapin


à Antoinette Safu Mbakata


Il n’y a pas de noyau dans les crottes de lapin, ce ne sont pas des dragées, ni même des olives, on peut

- Sans aucun danger ! Même un infoutu ne pourrait pas s’y casser les dents !

les manger comme ça, comme des pralines ou des hosties.


Fef était communiste


Entre 10 et 15 ans, Fef avait dans les treize ans. Il n’était pas infoutu mais il était communiste. Certes, il aimait bien

- Trop marrant le mec ! Très énervé ! Avec sa robe de corneille ou de chouca qu’il agitait dans tous les sens, comme une poule noire dont on aurait sectionné les ailes pour l’empêcher d’aller au ciel !

Don Camillo mais il préférait voter pour

- Contre la Réaction ! Pour la Révolution !

Peppone, le maire de Brescello.

D’ailleurs, au catéchisme, on lui avait appris qu’une chèvre n’avait pas de bouc légitime et que les communistes imposaient aux hommes de partager toutes

- Même Georgette ? Tout le monde peut donc en avoir sa part ? Moi aussi ?

les femmes, même Georgette que René aurait voulu privatiser…

Comment ne pas être communiste ?


Treize ans


On la rencontre, elle a treize ans. On la croise sur le chemin de l’école, elle en a quatorze ou quinze… On la perd ensuite de vue, elle en a seize, puis dix-sept, puis bientôt dix-huit… On la retrouve lonnnnnnngtemps après, elle en a vingt ou dix-neuf. On l’épouse, elle

- Dijo peut-être, mon infoutue légitime ?

- Mais non, Georgette, la femme à René !

en a vingt-deux.


Le sparadrap


Découvrir un sparadrap sur le zizi de son adversaire sexuel, ça

- Ça, c’est quoi ? T’es malade ?

- Meuuuunon !

- Blessure de guerre alors ? T’es infoutu ?

fout la trouille.


Les mites


Il ne faut pas

- Il faut laisser Ndoki* les attraper au vol !

acclamer les mites. Surtout pas. Ça les motive vachement. Elles se prennent pour de la gelée de baies d’airelles, des crevettes roses ou des oeufs de lump noirs et

ne se sentent plus infoutues et

se doublent, se triplent, se quadruplent, se quintuplent, se sextuplent, se septuplent, s’octuplent, se nonuplent, de décuplent, se vingtuplent, se centuplent.


* Le chat de Lianja, Celui-là même que Cannabis terrorisait


Un plaignant


Un infoutu raconte son histoire à quiconque veut l’entendre : « J’ai commis l’imprudence, un jour, de porter plainte contre Dieu. Le soir même, ma femme et mes enfants sont décédés dans l’incendie de notre maison. Moi-même je suis mort

- Tout la famille est à présent réunie ? Où ça ?

le lendemain, accidentellement, de mort naturelle, en extrême urgence, sans avoir même eu le temps d’enterrer les miens ».


Un tram délinquant


Vers trois heures du matin, sous l’influence de la boisson, après avoir pissé sur une vitrine de la rue d’Aerschot et dans le couloir reliant la gare centrale (celle du chemins de fer) à la gare centrale (celle du métro), un tram signalé comme volé au Liechtenstein, un tram délinquant qui n’aurait jamais dû recevoir l’autorisation de rouler

- Le tram s’est approché sournoisement… puis, subitement… sans prévenir… a mis les gaz et foncé, comme un buffle enragé, renversant toutes les quilles !

est monté à l’assaut d’une équipe d’infoutus qui nettoyaient les aiguillages ou remplaçaient des rails au carrefour formé par l’avenue Louise et la chaussée de Charleroi…


Après son accident, le tram a été conduit à l’hôpital Saint-Pierre où son état n’a pas été jugé critique.

Il s’est enfui, vite fait, juste avant l’arrivée des flics.


Dijo ? Elle est en Espagne !


Dijo en aurait-elle

- Les épines des ronces, les aiguilles de sapin, les orties, les chardons, les mégots, les mollards et les étrons, les fourmis rouges ou vertes... le poil à gratter, les rognures d’ongles, les miettes de pain... la cuisine et la lessive... le téléphone et les civilités... tout ça a toujours été pour mes fesses ! On change de position, maintenant, monsieur ! C’est moi qui prends le dessus !

eu marre, marre, marre, marre, marre, marre, complètement marre de son infoutu bonhomme de mari et du mauvais temps qui n’en finit pas de régner en région bruxelloise ? Et aurait-elle décidé d’apprendre à tirer à l’arc à L’Eliana, dans la communauté de Valencia, avec sa tante, sa soeur et sa nièce ? Entre filles seulement ? Se défendrait-elle néanmoins

- Mais non, je n’ai pas rompu avec mon époux ! Je ne l’ai pas balancé aux flics après avoir appris qu'il aurait eu une liaison avec une top-modèle ! Je ne l’ai ni renvoyé, ni répudié ! On se connaît depuis Cro-Magnon ! Il se fait, simplement, que sa date de péremption est, bientôt, dépassée et que son contrat tend, peu à peu, à venir à expiration, non ? Je prends mes distances, quoi ! Je me prépare au pire, c’est tout !

d’être devenue intégriste ?

Et Fej, dépareillé, complètement chevauché

- J’étudie la météo, je vois que le ciel se dégage, j’observe le retour des oiseaux migrateurs !

attend que le soleil revienne ?


Urbanités


On prend le taxi

- C’est plus intime que le bus, le tram ou le métro ! Et plus profond aussi !

pour se sentir proche de quelqu’un.

Et aussi parce que les confessionnaux ont déjà fermé leurs portes et que, à cette heure-là, entre la lune et le soleil, les peep-shows ne sont pas encore ouverts aux infoutus.


Le cervelas


à Roby Comblain


En Grande-Bretagne, le pickles n’a jamais cessé d’être britannique.

Aux Etats-Unis, les frites sont devenues françaises.

Dans la Confédération Helvétique, on considère

- Né à Bâle il y a plus de cent ans, le cervelas est inscrit au patrimoine culinaire suisse !

que la courbure obscène de la saucisse d’entrailles et le craquement sec de sa peau boucanée sont

- Un infoutu kiekefretter aurait essayé de s’en approprier l’invention ! Il serait incarcéré, pour vol, en Suisse allemande ! C’est dur !

d’inspiration exclusivement helvète. Et, quant à la mayonnaise, elle pourrait bien être normande.

Les frites, la mayonnaise, le pickles et le cerve-

las…

- Sauf le sel, peut-être ? Mais d’où vient le sel ? Est-il belge seulement ? De quelle belle province ? Vote-t-il pour Fortis ou pour KBC ? Qu’il nous montre ses papiers et la couleur de son slip !

les Bruxellois ne s’appartiennent plus…


C’est comme les moules


à Eric Dejaeger


D'accord, la grippe qui porte un nom de plaque minéralogique (A/H1N1), ce n’est pas vraiment du belge mais, depuis mercredi

- Enfin un cas avéré* en Belgique ! L’infoutu pays se tapait la whonte et commençait à douter de lui-même !

ça se passe aussi chez nous.

Et puis le virus de la grippe minéralogique, ce n’est pas grave, c'est comme les moules, ça ne survit pas à la cuisson. On peut aussi se laver les mains à l’huile bouillante, avec les frites…

Et puis la grippe, ça tue la crise, non ?


Madonna, la voleuse d’enfants


Une infoutue qui s’était évadée lundi d’un hôpital psychiatrique à Mons aurait été retrouvée mercredi

- Dans une maternité, une pouponnière ou une garderie, un orphelinat ? Au Vietnam ou au Malawi ?

dans un magasin de poupées, à Dampremy.


Prophylaxie


à Joël Tournemenne


La grippe des hommes se transmet aux porcs ?

Abattons tous les hommes. A la ville comme à la campagne. Surtout les rabbins, les papes et les ayatollahs. Surtout les hommes de couleur et les hommes en noir et blanc. Surtout les foutus et les infoutus. Surtout les hommes qui éternuent bruyamment et ceux qui n’arrêtent pas d’aller aux toilettes.

La survie des antilopes du Tibet en dépend.


Les Roms


Les hommes libres et les loups ont-ils été

- Qu’ils se renient s’ils veulent survivre, qu’ils se convertissent et qu’ils deviennent des chiens !

retirés de la liste des espèces protégées ? Peut-on désormais les débusquer, les rabattre, les exclure et les refouler ? Peut-on aussi

- En cas de légitime défense, bien sûr !

les empaler, les étriper et les foudroyer ?

Comme des infoutus ?

Sans permis ?


Une infoutue friquée, ça existe ?


Sortait-elle, la très jolie personne trop bien maquillée, d'une boîte branchée, d'un restaurant chicos ou d’un magasin de fringues ou de chaussures à la mode et pouvait-elle, pour ses vieux jours, rêver

- Exécutée par pendaison en Iran, foudroyée par une crise d’angoisse à Dakar, Lagos ou Douala, emportée par un virus chinois en Inde, assassinée par un escort-boy brésilien à Pyong-Yang, jetée dans une cage d’ascenseur suédois à Kyoto ou à Djodjakarta, écrasée par une voiture italo-américaine à Johannesbourg ?

d’une mort incolore, inodore et internationale dont la presse n’allait pas manquer de faire état ?


Ou avait-elle, la trop belle dame très haut chaussée, simplement trébuché sur un

- Il prenait l’ombre ou le soleil, couché sur un banc ou adossé à un mur ! Un djeun, armé d'un tournevis ! Un solitaire, un envieux, un querelleur ! Près de la place de la Tulipe ou de la gare d'Etterbeek ! Il faisait semblant d'être endormi !

serpent à sonnette qui chassait à l’affut dans les rues d’Ixelles, alors qu’elle se déhanchait

- En mode « d » !

- Déchirée, dépréciée, défoncée, déconnectée, dépareillée, désespérée ?

avec un sac Delvaux (dans lequel elle cachait tout son attirail de mise en valeur : illuminateur de teint, anticerne, fond de teint, crème solaire, rouge à lévres, cartes de crédit, cocaïne, pilules, vaseline et préservatifs), désinvolte et dédaigneuse.

Même pas. Elle avait dérapé sur un mollard ou une vomissure et s'était retrouvée assise

- Et qu’est-ce que ça dégageait !

le cul par terre, les fesses fichées dans une bouse de vache bien baveuse ou même, vu

- Elle ne connaissait pas l’odeur de la merde ! Une infoutue friquée (ça existe ?) ! Mais peut-être s’agissait-il d’un travesti ?

en contrechamps, avec un gros caca de cheval planté dans le derrière. Devant tout le monde.

Et c’est ça qui l'avait tuée.


Prêche-t-on


La mort n’est plus l’obscurité, c’est la lampe

- Cool, quoi ! C’est seul’ment qu’y a plus d'pétrol dans l’réservoir du quinquet, non ? Ou, sûrement, qu’on a, sans doute, oublié d’régler ses factures d’électricité, peut-être ! La lampe est toujours intacte, non ?

qui s’éteint… prêche-t-on (dans les églises de la résurrection, les livres d’histoire, les crematoriums, les commissariats de police, les morgues et les rubriques nécrologiques, etc)...

Ben voyons.

Surtout ne pas stresser. Mourir doit rester un plaisir. La mort, c’est l’orgasme total.


Macmics


Les forces armées tamoules, bénéficiant du concours de F16 belges, ont investi avec succès un petit village de fêtards du sud-est de l’Amerikistan.

Il est, à ce jour

- Et demain on n’en parlera plus ?

impossible de déterminer avec certitude

- Mais aujourd’hui on fait quand même état d’un mariage et d’au moins (à la louche !) 44 enterrements ?

le nombre d’infoutus (abîmés ou cassés) dont la capacité de nuisance a ainsi pu être néantisée.


Guerres de religion


De l’autre côté de l’eau, tous les cochons sont Coptes, Roms ou Dalits.

Tous les cochons sont des infoutus.

Ils sont Kurdes en Turquie, Juifs en Irak, Caucasiens en Russie, Musulmans en Thaïlande ou au Xinjiang, Tamouls au Sri Lanka, Guahibos en Colombie, Bouddhistes au Tibet et

- Interdiction de s’asseoir sur les bancs publics ! Interdiction de se ronger les ongles ! Interdiction de se faire photographier ! Interdiction de manger des œufs durs ! Interdiction de porter des jeans et des bijoux ! Interdiction de recevoir des coups de téléphone ou du courrier de l’étranger ! Interdiction de cueillir les fruits des bois et les champignons sauvages ! Interdiction de se plaindre à la police et de consulter un avocat ! Interdiction de ramasser des coquillages sur la plage ! Interdiction de rouler en vélomoteur ! Interdiction d’embrasser quelqu’un sur la bouche ! Interdiction de regarder la télévision, d’écouter la radio et de parler à un journaliste !

persécutés, exécrés, outragés, lapidés, étranglés sur le chemin de la gare, agrippés par les oreilles ou les couilles, suspendus par les pouces à un arbre ou à un gibet, bombardés d’insecticides, arrosés d’eau de Javel et d’essence, brûlés vifs, éradiqués, pandémisés…

Indésirables dans leur pays de naissance et considérés comme inadaptables, les cochons

- Les jeunes et jolies cochonnes étant parfois invitées à payer leur voyage « moins cher » avec leur corps !

décident de prendre la fuite, traversent la mer et, aussitôt débarqués sur la terre promise, les cochons

les Coptes, les Roms et les Dalits

les Infoutus

les Kurdes de Turquie, les Juifs d’Irak, les Caucasiens de Russie, les Musulmans de Thaïlande ou du Xinjiang, les Tamouls du Sri Lanka, les Guahibos de Colombie et les Bouddhistes du Tibet

- Pata negra ! Prosciutto di Parma ! Noir de Bigorre !

sont-ils convertis de force ou se convertissent-ils de plein gré en jambons catholiques nationalistes intégristes espagnols, italiens ou français ?



Les infoutus 2 - De la place royale à la liberrrrrrrrrrrrrrrrrrté

Didier de Lannoy
alias Vié ba Diamba, alias Matiti ya Pamba
Fej et Dijo
ou
les Infoutus de la vie

croquis, crayons ou pochades qui procèdent tous de la même « approche » que les dépêches AnaCo et les chroniques Huppé cul : des histoires brèves (lisibles sur écran, qu’on zappe ou qu’on imprime, qu’on classe ou qu’on supprime) ; des histoires qui s’intègrent dans un ensemble plus vaste (à charpente plus ou moins souple, à sauce plus ou moins gluante), comme des pièces d’un puzzle, à travers un dénominateur commun, des personnages récurrents et parfois même une trame (souvent obscure) ; des textes diffusés immédiatement après avoir été écrits, « just in time », par e-mail (à la merci des FAI : Un nouveau groupe armé ? Meuuunon, des fournisseurs d’accès internet !)...
2008-2009
Recueil
- On solde et on ferme !
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Place royale ?


Aujourd’hui, à 13.50, sur RTL-TVI, après notre séquence « Philippe et Mathilde ont échappé de justesse

- Aux narcotrafiquants ?

à la grippe* au Mexique** », suivrons-nous la famille royale hollandaise à Appeldoorn où sept personnes sont mortes, jeudi dernier 30 avril 2009, lors de la fête de la Reine, fauchées par

- Il avait perdu son emploi ! Un nouveau locataire devait venir visiter sa maison !

un infoutu, armé d’une simple automobile ?


* Une grippe qui n'est plus porcine ni mexicaine et qui porte un nom (comme une plaque minéralogique) très difficile à prononcer !

** Les grands magasins sont fermés, ma choupette, les casernes, les théâtres, El Zocala et la cathédrale, le musée Frida Kahlo, les piscines, les patinoires, les stades, les hôpitaux, les écoles, les cinémas, les prisons, les gares routières, les restaurants, les marchés, les stations de métro, la place des trois cultures, les jardins zoologiques, le Musée National Anthropologique, les champs de courses et les sites archéologiques aussi… Plus d'églises à visiter, plus de mains à serrer ni d’accords commerciaux à parafer... Si nous profitions du soleil pour faire

- On va jusqu’au Chiapas, mon choupinet ?

du vélo ?


Ce n’est pas Darwin, c’est Dieu qui a créé le monde


L’araignée, le grillon et la sauterelle (tenant son sac serré contre sa poitrine), le taon, la limace et le lombric (tout nu dans son jardin, surveillant ses plantes et regardant son petit linge sécher), le scorpion et le scolopendre, la punaise et l’attache-tout, la puce, le poux, la pince à épiler et le morpion, le cloporte, la blatte et l'infoutu…

Qu’en dire ? Rien, sinon que tout ce monde-là mange bien... Et que tout ce monde-là trouve aussi à être mangé…

Toute personne est la nourriture d’une autre personne. Toute créature

- Vive Dieu !

a été créée au goût d’une autre créature.


Alerte sanitaire : dans le cochon tout n'est plus bon


à Hans Samyn, Marta Salazar, Mohamed Belhouari, Toula Aslanidis et Jamal Tahtah


Ne plus sucer le bonbon de la grande fille du charcutier, ne plus serrer la main d'un ancien éleveur de volailles qui

- Par dépit amoureux ! Toutes ses gagneuses l'ayant quitté ! Emportées par la grippe aviaire, l’année dernière, ou parties rejoindre une escadrille d’oiseaux migrateurs !

s'est lancé dans l'élevage porcin, ne plus échanger des propos graveleux avec un préposé à l'entretien des soues et des auges, ne plus faire la file devant le banc de communion de la boucherie Magerotte à Nassogne, ne plus fréquenter les marchés, les autobus et les métros, les cours de récréation et les camps de concentration.

Ne plus se faire greffer le cœur d’un(e) cochon(ne) qui ne vous a pas été présenté(e) et dont on ne connaît pas bien les parents, les convictions religieuses, les engagements politiques, les problèmes psychologiques, les tendances sexuelles et l’histoire de santé. Ne plus sympathiser et partager

- En forme ? Ça fait longtemps ! Ça va sinon ?

des moments intimes avec une laie

- Sans papiers !

sortant de la forêt ou un phacochère issu de l'immigration.


Bonne gouvernance


Dijo voudrait

- Range ton bureau ! Mets de l’ordre dans tes affaires! N’oublie pas de vider le pispot (ce n’est quand même pas à moi de faire ça, oh !) ! Replace les disques dans leur pochette ! Jette tes fiches et brûle tes manuscrits! Paie tes impôts ! Lave ton verre et ton assiette ! Rase-toi ! Brosse-toi les dents et (tu commences à sentir mauvais, eh !) change de T-shirt et de slip de temps en temps !

que Fej prépare son infoutue sortie de route

- Prendre chaque jour 7 dattes dénoyautées et trempées dans un bol de lait ! S’assurer de la disponibilité de l’équipement, du matériel et des médicaments nécessaires ! Fixer joyeusement le lieu et le jour du début de la fête (matanga ko !) en tenant compte de la disponibilité des uns et des autres ! Choisir de partir, de préférence, au début du mois, juste après que les gens aient touché ! Mais surtout pas un jeudi, jour de scrabble, oh !

comme on prépare un foutu

- Avec une check-list ! Vétilleusement !

accouchement ?


La recherche et la documentation au service du monde libre


Installons un extracteur de cris et de hurlements

- Pour un meilleur rendement ! Les sanglots et les supplications des constuprés déconcentrent, en effet, et distraient de leurs tâches les chercheurs et les documentalistes affectés aux salles et ateliers de noyade, de brûlage des orteils et d’exorbitation des yeux !

dans les chambres de torture et d’abattage des sales chiens puants et des porcs fétides et répugnants !

extracteur de cris et hurlements, dont les matons dévoués et les tortionnaires méritants peuvent se servir également, en privé, dans un motel de rendez-vous, situé à proximité de la base militaire, où ils sont invités à passer, aux frais du gouvernement, quelques moments de détente et de douceur en compagnie de leur maîtresse légitime ou de la baby-sitter latino (et sans papiers) de leurs enfançons, comme extracteur de râles

- Que la quiétude du personnel d'entretien ne soit pas perturbée !

érotiques, non ?


Le travail de chair


Bien sûr qu'il faut gagner sa vie.

Mais le travail de chair est un vrai boulot. Un commerce à

- Arrachage de sacs ! Viols ! Exigences abusives ! Passages à tabac ! Coups de foudre !

risques. On n’embrasse pas un vieux pitbull sur la nuque

- Même ofele ! On pourrait prendre de mauvais coups !

lorsqu'il fait mine de somnoler devant sa guérite avec son râtelier baignant dans son écuelle, à portée de la main, ni même un porc-épic, emballé comme un rouleau de printemps dans une feuille de salade ou de chou. On ne séduit pas non plus

- Sans effet!

un prince charmant des Emirats Arabes Unis en se posant de grosses lunettes de professeur myope sur la trompette et en s’appliquant à corriger un gros paquet poisseux de copies raturées dans un restaurant chinois de Belleville.

Mieux vaut réfléchir et se fixer des règles d’engagement avant de partir à la recherche de la personne avec qui

- Un missionnaire de Scheut défroqué ou un millionnaire titré en Bourse ? Un marchand de morue ou un professeur de langues mortes ? Un homme marié démis de ses fonctions par son épouse enceinte ?

et quand

- Le vendredi, après la prière du soir ? En regardant un match de foot à la télé ? Pendant l’heure de table ? Après un séjour de trois semaines dans un hôpital psychiatrique ? Entre la vie et la mort ? Après la grand-messe du dimanche, entre les Vêpres et le Salut ?

et où

- Au bord de l’autoroute ou dans l’enceinte d’une caserne, dans un ascenseur extérieur et transparent, dans un nid de cigogne accroché au sommet d’un clocher d’église désaffectée ou d’une ancienne cheminée d’usine, à l’arrière d’une camionnette de livraison ou dans un vieux camping-car ? Dans les jardins de la Cité administrative de l’Etat, à la gare de la Chapelle, dans le hall de la Bourse, dans un vide technique de la station de métro Arts-Loi ?

et de quelle manière et à quelles conditions

- Contre de l’argent bien sûr (il faut coucher utile, ne pas se fier aux apparences, effectuer des repérages, interroger les barmans et les taximans) et avec un préservatif, pour se protéger du péché !

on peut accomplir l’acte de chair, sans danger, à des fins strictement commerciales et non reproductives.


Dieu-le-Jan


A Nicole Legrand et Paul Van Ackere


Profondément déprimé, le visage couvert d’une toile d’araignée, ayant vendu ses papiers d’identité à un checkouliste zaïrois et n’étant plus en règle de mutuelle, les paupières tombantes et les tympans perforés, souffrant du dos et ayant du mal à cacher son alcoolisme, soupçonné d’être un tueur en série de chats du quartier, de revendre des vélos piratés, des machines à coudre Singer à pédale et de vieux fers à repasser au marché aux puces de la place du Jeu de Balle, de braconner sur les terres et dans les eaux d’autrui (un essaim d’abeilles pondeuses, toute une bande de joyeux papillons qui se promenaient en famille dans le bois de la Cambre, quelques panneaux de signalisation routière, dix-sept crabes pêchés illégalement, à la main, de nuit, dans le lac de Grevelingen) et de voler des statues (surtout celles de La Malibran ou de la maîtresse du général Boulanger) de belles étrangères dans les cimetières d’Ixelles ou de Bruxelles, un infoutu

- Il s’appelait Jan et se prenait pour Dieu !

vivait reclus dans le grenier et le clocher d’une chapelle en ruines qu’il partageait, en parfaite intelligence, avec une colonie de pigeons marrons.

Deux fois pourtant, depuis la fin de l'hiver, Dieu-le-Jan, ancien collectionneur de moulins à café, s’était risqué à sortir de son antre… Et, chaque fois, il s’était fait choper

- Etes-vous sans domicile fixe ? Où ça ? Prouvez-le ! Ouvrez votre sac ! Produisez la facture de votre brosse à dents et de votre tube de dentifrice ! Vos slips sont-ils neufs ou usagés ?

par les flics.

La première fois, c’était un lundi ou même un mercredi et ça se passait dans les toilettes d’une grande surface…

Dieu-le-Jan, en effet, se brossait les dents, se gargarisait, se mouchait, éternuait et expectorait bruyamment dans les toilettes mises à la disposition de la clientèle féminine du magasin… et se proposait, ainsi rafraîchi et quasiment remis à neuf, d’aller jouer aux cartes avec quelques vieux potes dans le sous-sol d’un phone-shop…

La deuxième fois, c’était pendant le week-end et ça se passait à la gare du Luxembourg…

Dieu-le-Jan, en effet, revenait en train

- De Limal ?

- Jamais !

d’Ottignies… où il avait l’habitude, chaque premier dimanche suivant la pleine lune de l’équinoxe de printemps, d’aller voler les petites culottes de couleur bleue, jaune, verte, rose ou rouge que les femmes divorcées, les religieuses défroquées ou les veuves délaissées

- Comme un cri de détresse, un appel de phare, une corne de brume ?

de ce grand village urbain (ou de cette petite ville rurale) du Brabant wallon, ne se résignant pas à ne plus être honorées, se plaisaient à mettre sécher

- Pour affoler des infoutus, des mâles errants, des galvaudeux et des saisonniers chassés du troupeau pour avoir tenu des propos obscènes ou avoir eu des comportements offensants, des chômeurs sexuels, des exclus du marché de l’amour bruxellois ?

dans leur jardin (sur l’herbe, un fil, un muret, une haie ou, même, sur la balançoire des enfants) les jours de grand soleil, en fin de semaine, à moins de deux kilomètres à pied de la gare de chemin de fer, comme des œufs de Pâques…


Du Zola tropicalisé ?


Dijo est-elle la cadette infoutue d’une famille de paysans sans terre

- Et sans préservatifs ! Et sans télévision ! Et tout le monde (parents et enfants, grands et petits, filles et garçons) vit et dort dans la même pièce !

de dix-huit

- Toutes matrices confondues ! Vingt-quatre ou vingt-cinq lardons, si on compte aussi les foetus expulsés brutalement (à l’aide une poire à lavements à l’eau de Javel et au pili-pili ou avec une aiguille à tricoter trempée dans une chopine d’eau bénite ou à coups de grolles ou de matraque dans le placard à saucisses) !

enfants mais aussi le coup de coeur de parents de seconde main qui l’ont achetée à un vieil oncle maussade, au bord de la grand-route, dans un pays de plages et de palmiers, pendant que sa mère (prétendument veuve, impotente, sidatique ou décédée) était partie travailler aux champs ou vendre du manioc et des ignames au marché ? Fait-elle, à présent, partie d’une bande de djeuns

- Des cailleras qui travaillent avec des tournevis et des armes en plastique peintes en noir ? Des pirates qui découpent leurs cagoules dans des sacs de Lidl ou dans des manches de gros pulls de laine ? Des "casques bleus" qui cachent une demi-lame de rasoir sous leur langue ?

dont les clients (le facteur qui transporte un pain turc dans sa sacoche, l’épicier de la place Hendrik Conscience, la serveuse de boutique de fringues et l'amazone des fins de mois difficiles, le boucher hallal du bas de la rue Maes, le plombier retraité qui travaille quelquefois au noir, l’architecte au chômage et le vendeur de journaux qui renseigne les flics du commissariat de la rue du Collège) sont des gens du quartier ? Dans le sous-sol de quel bâtiment scolaire ou dans quelle sacristie, à la veille de quelle communion solennelle, a-t-elle, à l’âge de dix ou onze ans, définitivement renoncé au projet d’arriver vierge au mariage ? A la suite de quelles circonstances a-t-elle abandonné l’idée de faire des études d’aide-couturière, d’aide-soignante, d’aide-ménagère ou d'aide-gardienne d'enfants ? Accepterait-elle, une fois morte, moyennant une petite compensation financière à verser à la tantine qui s'occupe de son bâtard, après avoir été abattue, pointée, égorgée ou pendue (par Fej, la police, un ancien professeur de religion, une de ses victimes, un demi-frère ou un amant), d’être exposée nue dans

- Dans un lieu chauffé et bien gardé ! A l’abri du vent ! On y reçoit pas mal de visites ! C'est mieux qu'un cimetière, non?

un musée de la femme callipyge, des sciences coloniales ou des sciences criminelles ?


A cause de cette saleté d’Octavien, le convoiteux


Marc Antoine a-t-il été mordu par Cléopâtre

- Du tourisme sexuel qui aurait bien (puis mal) tourné ? Une invasion du Moyen-Orient par l’Amérique et l’Otan ?

et

- son nez infoutu, ses lèvres trop fines et son menton protubérant… ses charmes amoureux…

Cléopâtre s’est-elle jetée sur l’épée de Marc Antoine ?


C’est toujours la nuit que ça se passe


En été, quand il y a plein de soleil et beaucoup d’estivants, on ramasse

- C’est toujours la nuit que ça se passe, pour détartrer les bords de mer sans déranger personne !

les corps des infoutus venus saligoter les plages et on brûle

- C’est toujours la nuit que ça se passe, pour éviter de barbouiller le ciel tout bleu !

rapidement, sans un bruit, leurs excréments, guenilles, épluchures et cadavres honteux.


L'ascèse et le serpent


D’abord le serpent s’est doté d’un très long cou, pour ailler voir ailleurs, accéder à des nourritures difficiles, se glisser à travers un soupirail, entrer dans la maison des gens par le hublot des fesses, accéder au plus profond de leurs tripes.

Ensuite, il a cessé

- Superflu, quoi ! Adventice, oiseux, parasitaire, explétif et redondant

d’avoir un infoutu reste du corps (des bras et des jambes, des nageoires et des ailerons, des lunettes et un nez, des oreilles et des boucles d'oreilles, des chevilles et des bracelets, un piercing à la lèvre ou au nombril, une paire de couilles pendantes et ballottantes ou des tissus adipeux très développés au niveau des fesses) dont il ne se servait presque plus et n’avait pas vraiment besoin pour dénicher des œufs, cueillir des noix de coco ou débusquer des rats palmistes


Fej ne ressuscite pas


à Carmelo Virone


Fej vient de se découvrir (dégénérescence des cellules du cerveau ? mouvement involontaires ? troubles du langage et

- Vous vous étranglez avec votre propre salive, peut-être ?

- Vous croyez, sans doute, que je m'étrangle avec la salive de quelqu'un d'autre ?

de la déglutition) une nouvelle

- Ce n'est plus Alka-Seltzer ?

maladie pour infoutu : Huntington !

Fej ne ressuscite jamais, il saute

- A la* marelle !

d’une maladie

- Chaque fois qu’elle me quitte, j’en prends une autre !

à l’autre, il est infoutu, il est immortel.


* Carmelo Virone concourt, complète, complote, complique: « A la marelle, à la morelle, à la mortelle, à la mortadelle, allah morte adèle ».

Dijo, une jeune femme crapuleuse ?


Eblouie par le soleil alors qu’elle sortait, en titubant et en chantonnant, vers neuf heures du matin, d’une boîte de

- Et même plus !

toute la nuit, happée par une voiture, heurtée par un train, frappée par une bande

- Elle fréquentait des Juifs ou des Musulmans, des supporters du Standard de Liège ou du Sporting Club d’Anderlecht, des Flamands ou des Wallons, des Congolais ou des Rwandais, des Hindouistes ou des Bouddhistes, des filles et des garçons, un peu de tout, quoi !

de jeunes patriotes, une infoutue est morte sur place, sans même avoir requis ou obtenu l’assistance de personne, sans même avoir eu la patience ou la courtoisie d’attendre

- Quand ils ont voulu la mettre aux fers, la bâillonner, l’infibuler, la stériliser, l’expatrier, l’excommunier ou l'exclure du parti, ils se sont aperçus qu’elle était déjà morte !

l’arrivée des flics et des moralistes.


Les bonnes manières


Un crocodile de qualité

- Vous l'imaginez se précipiter dans le fleuve en courant, comme un infoutu ? Les crocodiles sont des chasseurs, pas des braconniers !

ne meurt pas de diarrhée. C’est une question d'éthique et de savoir-vivre.


La butte infoutue

à Alain Germoz


Une trentaine de militants d’organisations wallingantes ont gravi la butte de Waterloo pour en expulser un

- Va t’faire avorter, fœtus !

lion néerlandophone et le remplacer par un

- Franko kokooo kokophone !

coq.


La botte de foin


On peut

- Elle ne sent rien, j’te dis !

enfoncer toute une seringue dans les fesses d’une botte de foin et même en casser l’extrémité et laisser le bout

- J’te dis qu’elle ne sent rien !

de l'aiguille à l’intérieur de la viande.

On peut aussi

- Une excellente source de protéine, pourtant !

lui agiter

- Sans effet! Elle est infoutue de lui bonnir des mots d’amour, de l’empoigner par cravate ou le noeud de papillon, de le débarrasser de sa capote et de l’amener (après l’avoir piqué de coups de fourchette) frire sur une poêle !

un beau morceau de zizi, tout frétillant, rose et dodu comme un cervelas, au bout d’une canne à pêche.


Le bonheur


Le bonheur, ça s’attrape

- Pour le bouffer, non ?

comme un chat, ayant une chatte et plusieurs chatons à charge, attrape un infoutu.


La tortue


Une tortue en maillot de bain

- Voulez-vous bien, je vous prie, fermer les yeux !

demande à un infoutu de lui tendre les bras et de l’aider à sortir d’une baignoire.


Liberrrrrrrrrté


A Pascale Devil


La marmite ou le poêlon déborde.

Le lait bout et l’aspiration

- Absurde, furieuse, infoutue, azimutée !

à la liberté n’a plus aucune limite.

On s’évade de la prison, de l’usine, de l’hôpital, du pensionnat, de la maison de vieux ou de l’école maternelle, du couvent, de la mine, de la caserne, de la campagne, de la maison, de la cuisine, de la casserole. On plaque sa femme ou son mari. On abandonne ses chats, ses parents, ses habitudes, ses collections de timbres-postes et de boules à neige, sa langue maternelle, ses convictions profondes, ses propres enfants, ses fantasmes, son village ou sa rue.

On s’évade de tout. On s’évade de n’importe où et de n’importe quoi. On s’évade de tout le monde et de partout. On s’évade dans un sens et dans le sens contraire aussi.

De nos jours, les prisons

- Plus aucune ! Nulle part ! Si bien que les gérants de l’ordre établi s’efforcent de rassurer les fournisseurs et clients du système : « Pas de quoi s’inquiéter ! Tout est sous contrôle ! Il n’y a aucun problème ! Si ce n’est qu’au moment de l’évasion, il y avait de l’orage dans l’air…»

ne sont plus sûres ?


On déserte, on déménage, on démissionne, on abjure.

On quitte son pays, on s’exile

- Kobwaka nzoto !

on jette son corps, on s’arrache, on se tronque, on s’expulse, on s'extropie, on se proscrit... On transporte et on protège une carte, une liste d’adresses et de numéros de téléphone et quelques documents froissés dans un sac en plastique. On se sert d’un dictionnaire pour demander son chemin. On dort dans des voitures, chez des personnes de rencontre ou sur des cartons dans les aéroports, les halls de gare* ou les couloirs de métro. On ramasse un buste en bronze, un coupe-choux, un parapluie et une console de jeux sur un trottoir, on trouve des fringues, un paquet de biscuit et

- Périmés depuis moins d’une semaine !

des pots de yoghourt, des sachets de bonbons, un cordon ombilical, du riz brûlé, une carcasse de poulet et les oreilles écarlates d’un porcelet dans une poubelle.

On apprend à ne plus exister et à vivre autrement : en secret, zappé, ignoré de tous, illisible, invisible, inaudible, inodore, sous un masque ou dans un placard.

On peut aussi ne pas survivre et se faire couper le pied par une mine ou un piège à mâchoires et

- Avec un peu de chance, on obtient alors ses premiers papiers : un acte de décès ? On commencer alors d’exister ?

mourir sur une plage, dans un parking en sous-sol, sous un abribus, sur un tas d’ordures, au pied d’une grue de chantier, le long d’un boulevard, à l’entrée des bureaux de l'Office des Etrangers.

On s’évade de tout et de partout en menaçant le gardien d’armes imprévisibles : une brosse à dents grattée sur le sol pour la rendre pointue, un couteau à tartiner caché sous la reliure d’une bible ou d’un coran, un dentier tranchant emballé dans un caleçon, une guitare électrique transformée en arbalète ou

- Que ça lui pète à la figure !

une machine à café Philips avec un défaut de sécurité, un

- A lui plaquer sur la gueule !

déboucheur de toilettes à ventouse.

On calte. On joue du tambour pour appeler à la révolte. On décampe, on détale, on esquive, on disparaît. On oublie de

- Tu es en désaturation profonde, bandecon ! Ton cerveau manque d’oxygène, espèce d’individu ! La maladie d’Alka-Seltzer te guette, infoutu !

respirer et de battre la chamade. On fuit la guerre, l’amour, la haine ou la peur. On quitte aussi l’espérance.

On s’échappe, on se sauve, on s’envole. On en vient même à perdre la vie ou

- Avec la conviction de trouver mieux ailleurs ?

la raison.


* On apprend vite que la gare du Midi est fermée entre deux et quatre heures du matin.