jeudi 22 avril 2010

Les infoutus 11 - Le retour des infoutus

Didier de Lannoy
alias Vié ba Diamba, alias Matiti ya Pamba
Fej et Dijo
ou
les Infoutus de la vie

croquis, crayons ou pochades qui procèdent tous de la même « approche » que les dépêches AnaCo et les chroniques Huppé cul : des histoires brèves (lisibles sur écran, qu’on zappe ou qu’on imprime, qu’on classe ou qu’on supprime) ; des histoires qui s’intègrent dans un ensemble plus vaste (à charpente plus ou moins souple, à sauce plus ou moins gluante), comme des pièces d’un puzzle, à travers un dénominateur commun, des personnages récurrents et parfois même une trame (souvent obscure) ; des textes diffusés immédiatement après avoir été écrits, « just in time », par e-mail (à la merci des FAI : Un nouveau groupe armé ? Meuuunon, des fournisseurs d’accès internet !)...
2008-2009
Recueil
- On solde et on ferme !
d'extraits déjà diffusés par e-mail

Fej ? Qui n'est-il pas ? Cliquez sur:
Dijo ? Qu'est-ce qu'elle n'aime pas ? Cliquez sur :

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-cinq-54183619.html




Les revenants


Alors qu’il était plongé dans l’obscurité pendant une éclipse totale du soleil, un cimetière a été entièrement saccagé… Des tombes ont été déterrées, des crânes fissurés, des coeurs réchauffés au micro-ondes ou au fer à souder, des morts annulées et des agonisants éconduits, des suaires détroussés, des hypothèses invalidées, des cryptes inondées, des toilettes bouchées…


Quatre infoutus

- Des revenants (qui auraient mieux fait de rester là où ils étaient) !

ont été surpris par les flammes, une avalanche de boue, une descente aux enfers, une coulée de lave, la chute des cours de la bourse et des produits laitiers, de nombreuses pertes d’emploi résultant de la crise financière, la contraction des marchés publicitaires, la rupture des amarres du Queen Mary 2, l’explosion d’une conduite d’eau gazeuse, le débarquement d’un autocar de troupes bolivariennes sur les plages d’Afghanistan

Un vaccin à large spectre leur a aussitôt été administré.


A domicile


Appartenant à des milieux généralement peu fortunés, les infoutus doivent apprendre à ne pas mourir

au-dessus de leurs moyens et à clampser

- D’une chute dans l’escalier ? Ou d’un arrêt cardiaque ? De maltraitance ? Torturés dans leur chambre à coucher ? Electrocutés sous la douche ? Carbonisés dans leur cuisine ?

- Pourquoi pas, évidemment ! Mais ils peuvent aussi, avec plus de retenue et de simplicité, décéder dans leur lit d’une maladie chronique en phase terminale, non ?

à la maison.


Encore un drame de l’amour qui n’a pas eu lieu à Bruxelles


Un infoutu n’a jamais rencontré la femme de sa vie dans un club d’athlétisme ou un groupe de prières des environs de la gare du Nord ou du Midi et ne l’a pas non plus

- Nous ne fêtions pas le quantième anniversaire de notre mariage ?

étranglée à mains nues, lors d’une croisière en amoureux au large de l’île Robinson ou dans les toilettes d’un bateau-bus naviguant sur le canal de la Senne.


Comment ne plus être une jeune femme pauvre quand on possède quelques noyaux de cerise ?


Que cette pauvre jeune femme s’écarte de son troupeau et

- Cessez de défaire mon chignon, de renifler mes aisselles, de trousser ma robe et d’essayer d’arracher ma petite culotte ! Cessez de dire que vous m’aimez ! A l’œil !

qu’elle menace les hommes avec un couteau de cuisine ou une épingle de nourrice de quatorze centimètres de long et qu’elle s’isole au fond du verger, près du potager, et qu’elle s’enfonce un chapelet de noyaux de cerise dans le con et…


la vulve de l’infoutue activera les mécanismes d’autodéfense de l’organisme et… le fourre-tout de l’infoutue entourera ce corps étranger d’une couche de nacre et… la bonbonnière de l’infoutue libèrera un collier de perles ahurissantes !


Un couple d’infoutus

Elle ne le laissait même pas

- Chauffe-toi d’abord les mains ! Va lire ton courrier près du radiateur ! Je te sers une bière ?

la prendre dans les bras et lui téter les oreilles et lui grignoter la bouche et lui toucher les seins et lui creuser le nombril et lui palper les fesses à son retour du travail…


Elle ne me disait même pas

- Quand tu as voulu me faire l’amour*, j’ai refusé peut-être ? As-tu éjaculé ? Es-tu resté ignoble ?

qu’il lui avait manqué…


Elle pleurait tous les soirs, dans son lit, en étouffant ses sanglots pour ne pas réveiller

- Elle avait aimé un Prince Charmant et s’était retrouvé mariée à un fonctionnaire !

son crapaud… ivre comme un bouchon d’armagnac, puant du bidet et rr rron rrr rrrrronnnnnflant la g gg gueule g gr grande ouverrrte…


* Dans une caravane, au camping Gueule du Loup, à Philippeville ? Dans une baraque à vaches du cimetière d’Ixelles ? La nuit du 2 au 3 mars, au premier étage d’une maison modeste de la rue de Roumanie, à Saint-Gilles ? Dans la forêt tropicale de l’est de Madagascar ou au bagne de Nosy-Lava ?


La mère d’un infoutu


Marie faisait courir le bruit qu’elle était enceinte et

- Tout le monde tremblait en Israël et en Palestine !

que son ventre risquait d’exploser sur la Grand-Place de Bruxelles (ou à l’entrée d’un stade de base-ball à New Delhi ou sur le parvis d’une mosquée d'Islamabad ou devant un Eros Center de Köln) et qu’elle allait bientôt

- Ne tolérons plus le blasphème ! Indexons ! Exorcisons ! Excommunions ! Stigmatisons ! Balançons l’encensoir ! Aspergeons d’eau bénite ! Lâchons les porcs et les cochons ! Brûlons l'horrible sorcière !

désigner le père de l’infoutu.


La cerise sur le gâteau


à Michelle Kupelian


Comment une cerise fait-elle l’amour ? A califourchon sur un gâteau (à la crème), évidemment !

Oui mais toutes les cerises ne sont pas

- S’agit-il de cerises infoutues ou des cerises qui n’ont pas envie de se faire mettre ?

très douées en amour et toutes ne s’éprennent pas du même modèle de gâteau (à la crème).


Les belles dames


Il en existe de toutes les couleurs et de toutes les valeurs. Comme les timbres-postes, les yeux des crotales et des oiseaux de proie, les champignons vénéneux. Vermeilles, oranges, roses, jaunes. Tachetées de blanc et de noir, cerclées de jaune. Elles se nourrissent d’orties, de trèfles, de navets, de ronces, de chou, d’artichauts. Elles aiment aussi les plumes de paons et crêtes de coq. Et aussi les bannières et les banderoles. Elles mordent à tous les hameçons, clignent des ailes, hésitent et vont d’une oreille à un nénuphar, d’un jardin à un étang, d’un téton à un nombril.


Ma morve m’appartient


Personne ne mangera ma morve.


Ma mort aussi m’appartient.

Personne

- Fesse d’huître ! Tombola truquée ! Voleur de pare-brise ! Charmeur de lombrics !

ne va me la voler. Personne ne plantera ses capucines et ses infoutus dans mon urne funéraire. Personne ne déposera son sac-poubelle au pied de ma tombe.


L’acclamation des mites


Les mites, plus on les

- En battant des mains, comme les infoutus applaudissent le malheur et les mauvais esprits !

tue, mieux elles ressuscitent.


La cédille


à Michèle Kupélian qui m’écrit que « ca (je ne trouve pas la cédille) y est, un de mes personnages vient de tuer l'autre. La pièce est presque achevée. OUF. »


La cé-

dille a dis-

paru ?


Si elle se cache, c'est

- Pourquoi se soustrait-on à l'affection de la police ?

sûrement qu'elle est coupable de quelque chose...


A moins que

- Sous l’infoutue se cache une fouteuse ?

la faucille ne soit

- Une faucille !

elle-même l'arme d'un crime !


Encore la cédille !


Le « c » de l’infoutue cédille n’en porte

- Oh ! Comment comprendre ça ?

même pas lui-

- Manque-t-il de confiance en elle ? Oh !

même…


Un « c » sans cédille, c’est triste comme

une montgolfière de la haute sans panier à linge sale, un Elvis sans banane, une faucille sans marteau, un violon sans archet, des menottes sans clef, des rognons sans andouille…


Et si, la prochaine fois, on parlait des accents

- Des cédilles en cavale ?

ou des virgules imprudentes qui traversent les phrases sans regarder et qui les empêchent de rouler ?


Ce n’est pas la Venus de Milo


à André Stas, pour le 15 août


Ce n’est

- Evidemment !

pas l’infoutue Venus de Milo mais certainement une autre Aphrodite ou une Vierge Marie quelconque, sortant des eaux, qui se fait agripper les orteils par

- Asmodée !

un crabe alors qu’elle se promène à poil sur une plage de sable fin et se doigte et s’envoie au ciel devant son peintre ou son paparazzi


Un n’Foutu !


Lui, un type chelou. Fouillant les sacs-poubelles d’un voisin récemment décédé (ou déposés sur le trottoir devant une maison de soins et de repos ou un cimetière) et espérant y trouver un pantalon à sa taille et pouvoir se rhabiller gratuitement avec les vêtements des morts, s’étant fait tatouer une étoile rouge et noire sur le bras droit, se roulant une cigarette et s’asseyant sur le radiateur d’un bistrot, près de la fenêtre, se grattant l’oreille, buvant de la bière à la cannette, ne mangeant jamais de laitue, vivant d’allocations sociales et d’expédients divers, portant de vieilles chaussures dépareillées, se prétendant grand chasseur de

- Ils tètent nos vaches et nos brebis, lutinent nos filles, s’accouplent à nos femmes !

serpents et de

- On ne pond pas ses œufs sur la plage des gens !

tortues et revendant aux ferrailleurs la laine et le cuir des chiens et des chats du quartier…

Lui, le slip rongé les morpions, surpris en train de déféquer dans un sac en plastique et

- Pour ne pas laisser de traces !

d’uriner dans une bouteille.


Et pourtant je n’étais plus à l’âge infoutu où il suffisait d’embrasser une fille pour qu’elle tombe enceinte, oh !


De longs cheveux dénoués, les reins cambrés, la robe au ras du bonbon, les cuisses caramélisées, le nombril et l’arcade sourcilière piercés, une veuve noire tatouée sur l’avant-bras gauche… Elle… Elle… Elle dont les joues n’étaient pas boutonneuses, ni les fesses concaves, ni

- Pourquoi tu me regardes ? Je t’ai permis de me regarder ? Cesse de me regarder sur ce ton !

le ventre en tôle ondulée… Je ne l’ai pas rencontrée (croisée, frôlée, bousculée, tamponnée sur la bouche) au Booze (ou, avant, au Panafrica Hôtel), ni dans l’escalier étroit qui menait à l’ancien Sexy-Pop ni chez Kintoni Mayard (au fond de la parcelle, à droite, du côté des toilettes)… ni dans une zone marécageuse de l’île indonésienne de Sumatra… ni dans une étroite bande montagneuse à l’est de la Sibérie, en bordure de la mer du Japon… ni dans une banlieue lugubre de Buffalo, au nord de l’Etat de New York, non loin de la frontière canadienne… ni à l’angle du boulevard Lambermont et de l’avenue Eugène Demolder… ni à l’entrée du couvent des religieuses de l’Eucharistie, à Watermael-Boitfsfort… mais à la sortie d’un bureau de tiercé Ladbroke, sur la place de la Duchesse, à Molenbeek-Saint-Jean…

On m’avait prévenu pourtant : « quand elle a perdu, elle est méchante »… Et j’ai tenté de la faire rire

- Quelle différence y a-t-il entre un steak ton sein, princesse ? Le steak n’a pas de téton ! ai-je d’abord risqué… Je parie que la couleur de ta petite culotte est assortie à la couleur de ma bagnole ! Et surtout de la banquette arrière ! ai-je poursuivi…

avant de l’entraîner dans un parking souterrain et de lui mettre la main sous la chemise et dans la … Elle… Elle… Elle m’a passé le bras autour de l’épaule et

- Si ça peut (t’aider à) te remettre les idées en place !

m’a expédié son genou dans les infoutues, oh !


La clef de son nombril


On m’avait pourtant dit que chaque nombril

- Tu n’as jamais été foutu de découvrir la mienne, eh !

avait sa clef particulière.


En panne d’amour


Erreur humaine ? Défaillance musculaire ? Epuisement nerveux ? Anorexie ? Douleurs lombaires ? Lésions cérébrales ? Affection virale des voies respiratoires ? Insuffisances rénales ? Sectionnement d’un câble électrique à haute tension ? Eclatement d’une conduite d’huile sous pression ? Perforation d’une tuyauterie d’air comprimé ? Diarrhée rouge ? Foudroiement ?


Elle me donne une dernière chance et m’invite à

- Mais, attention, je ne suis la mayonnaise de personne ! Une fois tournée je ne me laisse pas toujours rattraper !

recharger les batteries de mon infoutu à l’allume-cigare de sa voiture ?


Comment meurt-on ?


On peut mourir comme ça, infoutument, sans sommation, avec ou sans cravate, par distraction ou par

- Parce qu’on oublie de vivre ! Et quand on est mort, on arrête de vieillir !

inadvertance…

Ou lynché, éventré, découpé à la hache puis brûlé vif ou rôti à la broche pour sorcellerie…

Ou poursuivi (souillant son pantalon) et rattrapé par un couteau de charcutier…

Ou encore étranglé par les racines d’une orchidée… Ou par une corde à sauter ou le cordon d’une robe de chambre…

Ou pulvérisé dans une cabane (ou un wagon désaffecté, abandonné dans une gare de triage)

- Des survivants cherchant à s’échapper comme des cafards fuyant un tabernacle après son explosion!

par une roquette tirée depuis un hélicoptère de l’OTAN…

Ou empoigné par les cheveux et consommé vivant par une araignée ou dévoré par une mante religieuse…

Ou brûlé à l’acide…

Ou attaqué par une autruche…

Ou piqué aux fesses par un poisson venimeux…

Ou mordu par un chameau assoiffé, un renard enragé (se promenant la nuit, le long de l’avenue de Tervuren et des étangs Mellaerts), un rat revanchard, un calamar géant ou un serpent baveur…

Et en tombant d’un pommier (ou se jetant par la fenêtre du troisième étage des locaux de la police judiciaire ou en enjambant le parapet du pont de l’avenue de la Couronne et en s’écrasant une trentaine de mètres plus bas, rue Gray) comme un fruit mûr… Ou aplati par la chute d’un arbre…

En ingurgitant des pesticides ou

- Après avoir déposé ses rêves, ses contes et ses légendes dans une poubelle ! Et un sachet de frites encore plein !

en se jetant sous une rame de métro à la station Delta…

Ou s’étouffant en avalant une capote…


La mort, ce n’est jamais qu’un pet, un rot plus appuyé.


N’foutu


Jouait aux dés sur le trottoir, entre deux courses, dans l’espoir de se faire un peu de flouze


Abattait (ivre jaune !) les statues d’une église d’une balle dans la nuque, fusillait un Jésus sur sa croix, secouait un prunier et essayait

- Viens te faire manger !

de convaincre un écureuil de descendre de l’arbre dans le verger d’un paradis terrestre.


Des mots


Des mots

- Silence, je pète !

- Pète sous les draps alors !

se penchent à la fenêtre, s’agrippent aux barreaux, simulent une crise cardiaque et s’évadent pendant leur transfert à l’hôpital, font la manche, jettent des cailloux, divaguent, vont de porte à porte, quémandent un repas, éventrent des poubelles, hésitent, trébuchent, reçoivent et

- Quand on pose des questions de flic on obtient des réponses de truand !

rendent des coups, dorment à même le sol sur le trottoir, refusent de se reproduire en captivité, n’acceptent pas de passer le reste de leurs jours dans un fauteuil roulant, fracturent des grilles, escaladent des clôtures, creusent des terriers, grimpent aux arbres, déboutonnent leur chemise et s’allongent sur un banc…


Des infoutus remis aux normes


Une sardine

- Un poisson à la mer !

en liberté, hagarde et chamboulée… mais à présent repentie (après avoir manqué s’empoisonner en mâchonnant une chique de mauvais tabac ou s’étrangler en avalant une olive ou un pruneau), cherchait à retrouver sa boîte… comme

une oreille

- Votre nom commence à circuler… Une voix ne tardera pas à se faire entendre… Obéissez-lui…

sa boucle ou son piercing

un cou sa laisse ou son collier

un âne (le ventre ballonné par les pommes, les châtaignes et les salades de limaces) son bât

une chèvre son loup


Un score sans appel


Premier tour des élections présidentielles en Afghanistan… On annonce la mort

- Un peu de tout : du vieux et du jeune, de l’homme et de la femme, du croyant et de l'incrédule, du mal-voyant et du bien-entendant…

de neuf infoutus… alors que dix-sept membres services de sécurité ont été abattus !


Ce sont les infoutus qui ont gagné ?


L’Amour fou est à remettre


Après 74 jours en mer, 20 heures et 58 minutes de canicule… de jungle ardennaise et de vendanges amazonienne, la chèvre

- Le bouc aussi, dont les couilles étaient assaillies par des mouches et des champignons !

ne supportait plussssss que des mousssssstiques hallucinés lui tètent les pisssssss…

Et l’amour fou s’est transformé en folie meurtrièèèèèèèèère.


Une enveloppe


Si je t’écris

- C’est mon nouvel genre littéraire !

une enveloppe, dois-je aussi l’adresser, la coller, la timbrer, la jeter dans une boîte ?


Et si tu refuses de me lire à quelle autre infoutue pourrai-je donc écrire que je t’aime ?


Les escargots et les crocodiles


Chassés de partout, des infoutus ont trouvé refuge au cimetière, à l’abri des cigognes et des hérons, dans une escargotière secrète installée près de la cabane à outils des fossoyeurs

En été, dans leur planque, quand ils hibernent, très amaigris, les escargots cessent de baver et

- A moins qu’il ne s’agisse de crocodiles ?

retiennent leurs larmes. Ils n’osent même plus sortir de leur coquille.


Alouette


Une alouette bâille en attendant

- Le 5 février !

le moment de monter au ciel et de commencer à chanter.


Elle n’en est toujours pas redescendue.


Des corbeaux observent, perchés sur une ligne téléphonique


Chaleurs et canicule


Se prétendant enceinte de sept bébés, disant se sentir très mal à l’aise, menaçant ceux qui l’approchent de se jeter par la fenêtre, une infoutue de 79 ans, criblée de dettes, meurt

- Etranglée par des algues tueuses ? Dévorée par un animal sauvage ou un chien tueur de serpents ?

électrocutée en plongeant dans de Dyle avec son fauteuil roulant…


Une vache savait


Les trafics d’hosties consacrées (revendues au noir à des divorcés, à des satanistes ou à des sans-papiers), les troncs fracturés, les canailleries des acolytes dans la sacristie, les apparitions mariales et les parties de cache-cache et de touche-pipi au jubé ou dans les confessionnaux ou en dessous de l’autel ou derrière le banc de communion, la disparition de la chaîne Hi-Fi offerte par un comité de paroissiens...

Une vache, dans un pré

- Et moi, j’vous dis que Monsieur not’ Curé a été attaqué, vers 18 heures trente, après les vêpres, alors qu’il venait de quitter son établissement, pourtant réputé sans histoires, avec toute la recette du week-end… et qu’il se pressait de rentrer chez lui… et qu’il se trouvait à moins de cent cinquante mètres de la maison qu’il occupait, avec son infoutue, à l’entrée du village, près du cimetière !

avait tout

- Et c’est le Mario de l’infoutue qui a fait le coup !

vu. Et personne n’a pensé

- Je sais tout ! Avant de m’installer à la campagne, je travaillais à Jemelle, près de la gare des chemins de fer ! J’ai pris l’habitude de regarder !

à l’interroger.


* La Mario ? Le p’tit poussin, quoi !


Un homme-cheval


Un homme-cheval tirait une voiture à bras.

C’était le marchand de pommes de terre dont la charrette servait parfois, à l’aube, en cachette des bons chrétiens

- En cas d’épidémie ! Par temps de canicule ! Sur réquisition du bourgmestre !

à transporter les corps des infoutus, enveloppés dans des chiffons, jusqu’à la fosse commune


Un champignon, planqué sous un cyprès, regardait un escargot passer et se mettre à l’abri des rayons du soleil et

enrageait de ne pas pouvoir l’accompagner et

ne mourait pas écrasé sous les roues de la charrette du marchand de pommes de terre.


Un accident de chasse


Un camion à ordures est entré en collision, à l’aube, avec

- Surgis de nulle part ! Démarrant, fonçant, prenant la fuite ! Quel trafic cachaient-ils ?

une bande de sangliers, en état d’ébriété ou sous l’influence de la drogue, qui n’ont pas voulu attendre, pour traverser la chaussée de Wavre ou la chaussée d'Ixelles, que le feu passe au vert… Quatre sangliers (dont une fillette de 12 ans) et un couple de perroquets de leurs amis (originaires de Papouasie) ont été tués sur le coup…

Les corps des infoutus ont aussitôt été mis dans des gibecières et jetés dans le camion et

- On circule ! Tout est rentré dans l’ordre ! Il n’y a plus rien à voir !

broyés et incinérés avec les autres sacs-poubelles


Une bicyclette


Appuyée contre un mur ou enchaînée à un arbre ou à un lampadaire, en plein soleil ou sous une pluie battante, devant une église ou un commissariat, une brasserie ou un immeuble, un stade ou un cimetière, une bicyclette

- C’est c'qui est dur dans c'métier !

- Et que faites-vous dans la vie, mademoiselle ?

- J'suis seul'ment la maîtresse d’un infoutu ! Y n'a jamais voulu m' faire entrer ! J'crois qu'il a honte de moi !

attend.


L’amour n’est plus fou

{A propos de ce texte :


Alain Germoz, mon grand frère, m'écrit (le 28 août) :

Si l'amour a cessé d'être fou , ce n'est plus de l'amour mais un je-ne-sais-quoi pour handicapé du merveilleux dérèglement des sens. Quel intérêt ? N'abuse pas de ma patience. J'écris sur ordi (ce qui n'a rien à voir avec ce que j'appelle écrire, les touches ne remplacent pas la plume, ni l'écran le papier).

J'écris donc un roman sans savoir où je vais. Mais je vais, je vais même assez bien puisque je parviens à échapper à Jodi, même la nuit.

Sur ce, je te souhaite de retrouver l'amour fou (l'amour étant déjà en soi une des formes des plus sournoises de la folie), car ta santé et ton équilibre me préoccupent. Je sympathise, vois-tu...

Pascale Devil m'écrit (le 28 août):

J'aime l' accident de chasse. Le reste me déroute.

Notamment, l'amour fou... ouf ?

Pascale Devil m'écrit à nouveau (le 29 août, dans la matinée):

Ce n'est pas une dédicace qui me fera aimer ce texte.

Sorry. On ne peut pas toujours faire mouche.}


L'amour

- Ça fait plus de trente ans que ça dure ?

fou, c'est fini, ça n’existe plus !

  • Le célèbre bistro-resto de la chaussée d'Ixelles, près de la place Fernand Cocq, juste à côté de l'entrée principale de l'hôtel de la Malibran ? Le commerce est "à remettre" ?

Ainsi donc, tôt ou tard, les couples le plus chabraques s'abiment, dérapent, se touillent les merdes, s'abominent et se répugnent, glissent dans la pornographie conjugale

- Ton zifolet...

- Mon quoi, tu dis ?

- Ton Chirac !

- Et qu'est-ce qu'il a mon zifolet ?

-Ton zifolet est vieux, usé et fatigué ! Il y a trop de bactéries molles dans ton sperme, trop de levures blettes et trop de germes pathogènes ! Tu n'es plus bon à rien ! Le docteur m'a conseillé d'acheter du fixateur ou de changer de mec ! Ni performant, ni innovant (et certainement pas concurrentiel), tu ne vaux plus grand chose sur le marché de l'amour !

- Et moi, je vais m'acheter de la colle forte* à prise rapide pour fermer vos sales bouches à toi et à ton docteur ! Et toi, d'ailleurs, ma cocotte, tu peux toujours parler : ta petite culotte prétendûment fumante (mais dont je sais qu'elle est humide et mérolée.).. et tes pets vaginaux (maussades et disgracieux), tu t'imagines qu'un autre mec va trouver ça bandant peut-être ?

finissent sur la bande des pneus crevés de l’autoroute E 40, le capot levé, un essaim de guêpes (en tenue de combat) ou de mouches (rouges et vertes comme des néons de bordels) voletant autour du moteur ?

Infoutus, comme tous les autres, quoi ?

Epuisés, dégonflés, essayant de rouler sur leurs jantes, vaille que vaille, jusqu’à la prochain sortie ?

* Du genre de celle qu’utilisent les homophobes pour obturer le rectum des « pervers » qui « insultent la religion » et « déshonorent leur famille » ?


Comment faire pour être placé dans un home


Prendre des pierres en main pour se défendre contre les chiens policiers ? Attacher un cochon à un poteau d'exécution ? Tendre un guet-apens aux flics (après une rafle, un décès en garde à vue, la mort d'un copain poursuivi par une voiture de police) et les attirer dans une ruelle dont, au préalable, une issue aura été bouchée, les lampadaires et les caméras de surveillance (dissimulées dans des nichoirs à saints ou à oiseaux) cassés et le revêtement recouvert d'huile et d'essence... et leurs balancer des cailloux, des tubes de néon, des pneus enflammés et des cocktails Molotov... ou leur envoyer dans les pattes

- Trois roquettes antichar ?

une machine à donner des claques, à conspuer et à arracher les plumes des poulets et des dindons (complètement surexcitée), quelques ventilateurs (très énervés) et une tractopelle (carrément enragée) ? Cacher un python dans un sac à provisions ?


Comment faire pour qu'ils nous piquent ?


Le caïman et la jaguar


Un caïman retrouvé mort dans une piscine de 4,5 hectares ? égorgé et transformé en chair à saucisse ? Cela est-il possible ? Un caïman aurait-il rencontré un jaguar dont le dernier repas remontait à plus de cinq jours ?


Désintoxication alimentaire


Je me repens

Mon bel étron, entraîné par une chasse d'eau, ira de canalisation en égout, jusqu'à une station d'épuration, d'où il ressortira complètement remis à neuf.

Il ne sera pas aspiré par la gueule d'un mérou ni dévoré par les chiens errants qui rôdent autour des cimetières...

Il ne dévalera pas les cours d'eau, ne franchira pas les estuaires et ne gagnera pas la mer des Sargasses

  • Au large des côtes bretonnes ou dans la baie de Manille ?
    pour s'y reproduire...


Le Graal


Une infoutue se réveille en sursaut, fouille dans les armoires et

- Où ai-je mis ça ?

farfouille dans les sacs à main, les boîtes à bijoux, les hottes, les musettes, les gibecières, les valises et les poubelles et trifouille dans la boîte à gants de la voiture et ne trouve rien, rien, rien et

- Où donc ai-je bien pu planquer ce bazar... pour ne pas le perdre évidemment... et que les enfants ne le découvrent pas... par hasard... en jouant à cache-cache... ils pourraient se blesser, non ?

s'énerrrrrrrrve...


Satan bien embêté


Satan est très énerrrrrrrrrrrrrvé : où aller maintenant ?

Satan, quand il doit quitter les lieux, parce que sa grognasse

- Infoutu ! La confiance est rompue ! Trop de virgules dans le contrat ! La prolongation de la collaboration n'est plus possible!

a pris le pouvoir et l'a démis de ses fonctions pour « sérieux manquements dans la cogestion du couple » ou qu'il doit beaucoup trop trop trop d'argent à son taulier (ne lui ayant jamais rien versé depuis son installation à la tête de l'établissement, ni loyer, ni franchise, ni dessous de table, ni royalties, ni même un pourcentage sur le produit des quêtes et des rackets) ou que de puissants exorcistes

- Bima Satan ! Bimaaaaaaaaa !

l'ont bouté hors de tous les corps et des tous les lieux qu'il squattait sur la terre des hommes... est bien obligé de faire ses paquets et d'aller se réfugier ailleurs et de monter

- Il n'a pas le choix ! Où voulez-vous qu'il aille ?

au ciel et

- Chef, on peut quand même rediscuter les termes de notre contrat, non ? Moi aussi je suis ta créature, non ? Et l'enfer est aussi ton bien, non?

d'y rencontrer son inventeur et propriétaire et de lui demander l'asile...


Les Ardennais


Une forêt profonde, habitée par des hommes

- Ce sont des sauvages ! Des barbus, des chevelus, des moustachus ! Ils ont plein de poils partout !

en friche. Ayant refuser, un beau jour, de rentrer au village et de se conformer aux ordres du bourgmestre, du garde-champêtre et du représentant en engrais agricoles. S'étant réfugiés dans la forêt. Y vivant depuis, en secret, dans une chaumière sombre et basse, chauffée par un poêle à tourbe

- Sans oublier les flatulences et les borborygmes les femmes de mauvaise vie et autres concubines de prêtres réfractaires et de déserteurs de la Grande armée qui sûrement leur tiennent compagnie !

en bonne intelligence avec les busards, les perdrix et les tourterelles, les rouges-gorges, les merles et les rossignols, les pics et les cigognes, les lièvres, les sangliers, les chevreuils et les champignons.


Une femme mariée


Quand elle était encore vierge et pleine de grâces, l'archange Gabriel, en tournage à Rome, était même arrivé in extremis en Palestine pour assister à son accouchement...

Plus de trente ans après, de quoi Marie

- Mes voitures et ma maison ont été incendiées, mon mari menacé et mon fils assassiné ! On a volé ma chaise longue, ma crème de bronzage et ma tondeuse à gazon ! Je me sens infoutue ! Je rêve de n'avoir jamais eu d'amant !

pouvait-elle encore rêver ?


Paradis


Un infoutu se présente au Paradis. Le portier regarde par le judas, entrouvre la porte et

- Vous n'êtes pas clair !

après en avoir référé (coup de fil rapide passé au patron de l'établissement, bref

- Vous n'entrez pas ! Dieu ne croit pas en vous !

conciliabule) l'é-

- Bronzé, bougnoul, racaille !

conduit mé-

chamm-

ent.


Morts infoutues


Un ourson décède

- Avant même de naître !

en captivité... comme un oiseau dentiste se retrouvant prisonnier dans la gueule béante d'un crocodile, subitement reclaquée et solidement verrouillée... et qui ne parviendrait plus à s'en échapper... dans les profondeurs viandeuses du ventre de sa maman ...

On retrouve le cadavre de la mère, morte, en ronflant, de faim... dans la grotte où elle hibernait en compagnie de nombreuses

- Des chauves-souris ! Un couple de hérissons ! Des marmottes ! Un loir ! Le frigo était pleiiiiiiiin !

créatures... dont elle aurait pu

- Mais elle était de religion végétarienne !

se régaler...

Un gladiateur meurt

- Trop tôt !

à l'entraînement... sans même avoir eu le temps de passer à la rôtissoire quelques civils afghans réfractaires aux droits de l'homme imposés et à la liberté importée... sans même avoir obtenu son permis de séjour sur le territoire de la libre Amérique...


La gueule de bois


Dans la nuit du 10 septembre 2009, tandis qu'à Bruxelles Jodi fait la fête, Papa Ikwa, un infoutu de Kinshasa, prend dans ses bras son dernier enfant, fiévreux et grelottant, l'emballe dans un pagne... et court, court, court, court, court, court, court vers l'hôpital le plus proche...

Et son enfant...

peu à peu se calme, se calme, se calme... et meurt dans ses bras...



Les infirmiers de garde

- Mais cet enfant est mort !

disent à Papa Ikwa d'aller à la morgue

- C'est 23 dollars l'entrée !

- Je n'ai pas ça sur moi ! Prenez toujours l'enfant ! Je vais chercher l'argent !

- On ne fait pas crédit !

y déposer le corps de son enfant...


Papa Ikwa, n'ayant rien d'autre que de la poussière dans les poches... ramasse le corps de son enfant... dont la morgue

- Il n'est même pas mort chez nous !

de l'hôpital ne veut pas... et, à bout de forces, complètement essoufflé, se remet à courir, courir, courir, courir, toute la nuit, en portant son enfant dans les bras... partout, ailleurs, nulle part... chercher

- Defisa ngai mwa mbongo ! 23 dollars kaka !

l'argent.


Tandis qu'à Bruxelles Jodi continue de faire la fête.


Délit d'initié


Qui donc a tuyauté les mouches ?

Qui donc les a prévenues ?

Comment ont-elles appris, avant tout le monde, qu'un camembert au lait cru avait passé toute la nuit dans la chambre à coucher de Jodi... et

qu'il y était

- Coulant et doux ?

- Ammoniaqué !

mort ?


Les mouches ont-elles bénéficié d'une information privilégiée ? Avant les scorpions, les chacals, les curés, les araignées, les corbeaux, les crocodiles, les cancrelats, les fourmis rouges, les renards roux ?

Les mouches ont-elles du nez ?


Après le fin du monde


Assis sur une chaise et une brouette... devant les ruines de leur maison... à l'ombre d'arbustes desséchés (auxquels des sacs de plastique noir... poussiéreux, chiffonnés, déchirés... s'accrochent tant bien que mal... et tiennent lieu de feuillage)... deux infoutus... un veuf et sa vieille mère... frissonnant de peur... et que la chaleur ne fait même plus transpirer... jouent aux dominos... ou aux cartes... en

- Pour ne pas réveiller... les serpents, les mines, les bombes, les grenades et les crocodiles... les dieux et les démons... qui patientent , conspirent et font mine de somnoler dans les décombres...

chuchotant...

Tandis qu'en contrebas... sur la grand-route... une passante inconnue chie son sang et ses tripes dans la rigole... et désespère d'attendre des secours... qui ne viendront jamais... et que personne n'a appelés...


L'incroyable Bon Dieu


L'incroyable Bon Dieu, chirurgien esthétique de renom, vieux retendeur de peaux fripées, tatoueur de nombrils fanés et repasseur d'intérieurs de cuisses flétries, souffre d'un cancer du larynx et de douleurs dorsales insupportables... ce qui ne l'empêche pas

- Veux-tu être mon jouet ? dit-il à Eve. Que je délivre un ordre de mission à Adam (je vais envoyer cet infoutu travailler dans mes plantations de tabac et de coton du Texas et de Virginie Occidentale !) et que je sois entièrement à toi, ma chérie ?

de se gratter le trou du cul et de draguer la femme de son maraîcher.


C'est partout la crise

Au pensionnat, à la ferme et au cimetière


Les soutiens-gorges fashionables et

- On les porte quelquefois recto-verso ! Ou en verlan !

les strings nioulouques, il n'y en a pas toujours assez

- On arrive même qu'on se les échange ! Quand l'une d'entre nous doit partir à la pêche !

pour toutes les filles du pensionnat...

Les poules, on les trait et on les plume

- Pour fabriquer des matelas et des oreillers ! Mais il ne faudrait quand même pas qu'elles cessent de produire du lait et des oeufs (et même des dents) ! Il n'y a pas de raison, quoi !

vivantes...

On réveille, on bouscule et on intimide

- Poussez-vous ! Doorschuiven aub ! Faites de la place aux infoutus de la nouvelle génération !

les vieux résidents du cimetière qui se croyaient à l'abri de la pénurie et pensaient pouvoir dormir en paix pour toujours


Sla


Je drague une salade verte

- A Limal ! Ce n'est pas à Bruxelles (en montant par hasard dans une rame de métro) que je l'ai rencontrée !

dans un potager, je m'allonge à côté d'elle, je lui pose la main sur la hanche, je la relève, je l'enlève, je l'emmène, je l'enduit et je la masse, je la touille, je lui apprends à jouir


Un bus attaqué par des pirates


Dans la savane brabançonne, au large de la forêt de Soignes, un bus affrété par les curetonnes du Sacré-Coeur, bourré d'élèves de dernière année du secondaire et de novices imberbes envoyées se sanctifier à Lourdes ou à Beauraing, a été attaqué par une jeep de pirates et détourné vers les quartiers de bas de la ville de Charleroi.


Epandage


Un vieil homme, parti chasser l'écureuil dans la forêt de soignes, se sent brusquement mal, est pris de maux de tête, vomit, trébuche sur une bordure du trottoir, renverse une poubelle, heurte un réverbère, se cogne à une voiture en stationnement... et puis s'effondre, s'affaisse, s'étale sur les voies de tram de l'avenue de Tervuren... et verse sur le flanc, excrète de partout et

- Gl... gl... gl...

se vide de tout ce qui sue, suinte, ruisselle ou dégouline : les mazouts gluants, les miels glaireux et les sirops d'érable glutineux (à peine crashé, voici que le corps de l'infoutu se met à dégager

- De la bouse de biche fumée à la sauce arachide ? Un purin de makayabo avec pommes de terre, oignons et sauce béchamel ? De la fiente de roquette avec des copeaux de mangue crue?

une épouvantable odeur de merde)

et régurgite par tous les orifices: les oreilles, les yeux, le nez, la bouche, le robinet d'amour et le trou de balle...


Un pigeon de boulevard ou d'avenue (tout le monde connaît cette délicieuse créature urbaine, excrémentielle, curieuse et opportuniste

- Comment tirer profit de la situation ? Y a peut-être un bon coup à faire ?

mais personne n'y prête vraiment attention) s'approche, sautille, picore et reçoit les confidences des policiers

- Mourir sur les voies du tram à une heure de pointe constitue une incivilité dont la société pourrait très bien se passer ! Tout comme cracher par terre ou écrire des graffitis obscènes !

venus constater l'accident.


Contrôle de flics


Les éboueurs sociaux ont du pif !

Un convoi funéraire se fait ar

- Qui est cet infoutu ? De quoi est-il mort ? Où sont ses papiers ?

rêter à un barrage

- Ouvrez la boîte !

de police.

Evidemment, comme on pouvait l'imaginer, cette mort n'était ni légale, ni légitime !

Et les flics de faire la leçon aux proches, aux collègues et aux voisins : "Ce mort n'est pas en ordre. Il faut de bonnes raisons pour autoriser un infoutu. à se tuer. S'il ne se supporte plus, on peut toujours

- Un cochon contre un perroquet !

l'échanger contre un autre infoutu"

Et de leur demander de procéder rapidement à une régularisation de la situation.


Brigitte Bardot


On se prononce

- Contre le port de la fourrure animale !

pour l'épilation totale... et on s'irrite de trouver même un seul infoutu poil du cul sur une

- Un produit d'occasion ? Ayant déjà servi ?

motte de beurre



Gated community ?


Un cimetière pour détenus, entouré d'un mur d'enceinte piqué de miradors qui les met à l'abri des villageois, où les morts sont entassés, à deux

- Ou trois !

côte à côte, dans une même tombe et dont ils ne ressuscitent jamais.


Ceux dont on oublie souvent

- Faute de biens ! Faute d'héritier !

de déclarer la mort à la commune


Une femme d'affaires


Elle s'est mariée avec 50% des parts et, après quelques années de vie en communauté, madame a repris toutes les parts...

mais ce n'était pas une salope intégrale et elle a quand même embauché son ancien mari comme homme à tout faire...


C'est comme ça qu'un infoutu se retrouve au Paradis !


J'emprunte un ascenseur à grande vitesse... dont les freins subitement lâchent et qui

- Quelques mots dévalent les escaliers de secours en hurlant, d'autres sautent par la fenêtre, se jettent dans le vide !

rate l'arrêt du dernier étage et poursuit sa route jusqu'au ciel...


Bon, d'accord, je vais cesser d'être drôle...

Je décide de mettre fin à ma carrière d'humoriste et de ne plus fouetter les chats avec une queue de chignon...


Et je vais... je vais, je vais, je vais... je vais me mettre à écrire autre chose : des histoires de p'tites fleurs, de p'tits oiseaux, de chapeaux d'paille et de papillons d'toutes les couleurs...

Ça me rappellera ma jeunesse, quand le principal personnage d'un de mes premiers romans (j'avais 11 ou 15 ans ?) était un poisson rouge... mais le beau prince charmant était

- Je lui avais donné à manger des châtaignes ou des marrons crus ! Ou étaient-ce des pièces de monnaie qui sentaient la caque ? Ou les premières serviettes hygiéniques de ma grande soeur ?

mort empoisonné dans son bocal avant même que je ne puisse imaginer la suite de son histoire...


Une baignoire prend l'eau


Une baignoire qui doute et commence à prendre l'eau, coule.

Elle est devenue infoutue.


La femme de Dieu, l'abominable macho, elle aussi, ne sait plus

- Ce n'est pas de ta faute évidemment, déesse ? C'est ton corps qui prend tout, n'est-ce pas ? Comme une éponge ? La bière, le vin, le cognac, la vodka et le lotoko ? Tu n'y es absolument pour rien, bien sûr ?

nager.


Et quand elle écluse et

- Essaie de ne pas laisser traîner tes seins sur la lunette quand tu t'agenouilles devant les chiottes et que tu dégobilles dans la cuvette, déesse, ça manque de classe!

qu'elle prend une biture, elle ne déborde pas, la femme de Dieu, elle sombre...

Elle ne lui rend plus rien, à son macho. Ni ses sourires, ni ses gestes, ni ses mots d'amour, ni ses bisous dans le cou, ni ses paroles offensantes, ni ses gros mots, ni ses insultes, ni même ses coups. Elle titube, elle vacille et se réfugie sous la douche et...

elle y pisse, suinte, crache, chiale, rote, éructe, vocifère, vomit, crotte, expulse, évacue, bouse...


Que Dieu le macho fourre les affaires de sa femme infoutue dans un « ganago » ou un grand sac-poubelle et

- Dehors !

qu'il l'envoie valser sur le trottoir ? Et qu'il l'enferme à clef, à l'extérieur, dans la rue, à double tour, en pleine nuit, pour toujours, dans le froid et dans le noir, les seins au vent et

- Hors de ma vie, déesse !

les fesses à l'air ?


Un âne a disparu


L'affaire a rapidement été portée à la connaissance des autorités. Une enquête a aussitôt été diligentée. La police est venue avec des chiens.


Un paysan était descendu à la rivière pour y laver son âne et n'en était jamais revenu.

Quelle rivière ? La rivière Evros, la rivière Tisa, le rio Suchiate ?

Une rivière infoutue qui sépare la Grèce de la Turquie ou la Serbie de

- Ou l'Ukraine de la Roumanie, je ne sais plus !

la Hongrie ou le Guatemala du Mexique ?


Le paysan avait-il traversé la rivière et gagné l'autre rive ? A gué, à dos

- Les ânes savent-ils nager?

d'âne ou sur une embarcation de contrebandier ? Avaient-ils, lui et sa bête, été happés par des crocodiles ? Ou étranglés ou empoisonnés par des algues tueuses ? Des gardes les avaient-ils abattus ?

Quelle autre rive ? La grecque ou la guatémaltèque ?


Et d'ailleurs cette histoire n'a aucun sens... Elle ne se passe pas là-bas (à la frontière de l'Ukraine et du Mexique) mais plutôt au Congo, à la frontière de l'Angola... et ne raconte pas les mésaventures d'un âne et de son paysan mais plutôt celle d'un enfant et de sa mère...



Un aristocrate a cassé sa pipe


Un aristocrate est mort, accidentellement

- En tombant de la charrette qui le conduisait à l'échafaud ?

- Mais non ! En essayant de monter sur l'échafaud ! Les marches étaient trop hautes !

comme un infoutu usager des bus des TEC ou des trains de la SNCB


Un libraire, un libertaire ou un liberticide ?


Que lui reproche-t-on ?

Quelle église fréquente-t-il ? Quelle boîte de striptease allemande, quelle boucherie marocaine, quel salon de massage thaïlandais, quelle station-service vénézuélienne ?

A-t-il, en Afrique ou en Asie, fait le commerce des femmes en ivoire ou en porcelaine ? Les a-t-il transportées à dos de chameau à travers le Sahara ou sur la route de la soie (et s'est-il engagé à leur procurer des papiers et à leur trouver du boulot

- Au coeur même de l'Europe!

dans des établissements de nuit des environs de la gare du Nord à Bruxelles) ? Trompées ou déçues, beaucoup de ses maîtresses se sont-elles alors éloignées de lui ?


Il ne savait plus très bien lui-même qui il était.


Etait-il un fils de bonne famille qui se levait à 5h30 du matin pour surprendre et entreprendre la femme du fermier

- Moi aussi je veux qu'on me suce ! Tête-moi !

alors qu'elle trayait les vaches dans une étable (ledit fermier étant parti, très avant l'aube, avec son tracteur et un tombereau de purin, manifester devant les bâtiments de la Commission européenne) ?

Mais peut-être était-il aussi le fils d'un docker et d'une poissonnière ?


Etait-il fonctionnaire de la Sureté de l'Etat et portait-il une oreillette en permanence ?


Quelles pétitions a-t-il refusé de signer ?

A-t-il déjà songé à faire quelque chose d'important

- Organiser un progrom, conduire un chemin de croix, faire sauter une bombe, mettre le feu à un bûcher...

pour sa religion ?

S'est-il battu, un vendredi soir, à la sortie d'une boîte de nuit de Manchester ?


Il ne savait plus vraiment ni d'où il venait, ni où il allait.


Les infoutus de la Toussaint


Alors qu'elle traversait

- C'est un raccourci !

le cimetière pour aller se promener à la claire fontaine où son amant lui avait donné rendez-vous, la très jeune femme du menuisier de Nazareth a été agriffée et mordue par un être morbide, sous les cyprès, et serait morte

- Le bruit courait, depuis quelques temps, qu'un esprit malsain rôdait dans les campagnes ! Et qu'il se shootait ! Et qu'il serait mort du sida !

du mal des vampires.

On fait

- Pour manger, bien sûr ?

- Oui, bien sûr ! Mais aussi pour tout le reste...

les cimetières et les poubelles pour y trouver à se chausser, se soigner, se saouler, se meubler, se chauffer, se marier, se vêtir et se parfumer. On trouve de tout dans les champs de détritus, même des nouveau-nés viables et des cartables en bon état.

Le ruisseau qui égayait le cimetière et qui le traversait langoureusement, comme en rêvant, s'est

- Subitement !

engouffré dans une tombe et n'en est plus jamais ressorti.

Un défilé de morts avait été organisé, en nocturne, dans une allée du cimetière d'Ixelles et le public

- Mais aucune toilette ne fonctionnait ! Et ça posait de petits problèmes aux visiteurs : sur ou derrière quelles tombes pouvait-on à la rigueur ou était-il absolument interdit de pisser ?

était venu très nombreux.

On a découvert douze personnes

- Comme les chiffres du cadran d'une horloge !

mortes de soif, dont les cadavres avaient été disposés de façon ordonnée autour d'un tombe desséchée...

On abolit d'abord

- A notre époque, ça ne se fait plus de mourir pour toujours ! Ce sont là des moeurs du passé !

les concessions à perpétuité des seigneurs... puis on ordonne de procéder rapidement à l'expulsion des manants et des indigents... ensuite on délocalise en périphérie les bourgeois qui, après quelques années, ne parviennent plus à tenir plus leur rang... et dont la tombe est laissée à l'abandon... ou a été mal entretenue par la famille...

Et on dispose alors, très rapidement et à meilleur prix, d'un énoooorme terrain à bâtir !

Un croquemort-surveillant de cimetière, aussi seul dans sa loge qu'un prêtre dans son presbytère ou un gardien dans son phare, accepte volontiers

- A condition que tout le monde mette des patins !

que les gens viennent, après 20 heures, lui tenir compagnie et assister à quelques scènes piquantes

- Des conflits de voisinage, notamment ! Lorsqu'ils ne trouvent plus rien à manger dans leur trou, certains morts creusent, creusent, creusent et s'attaquent aux tombes environnantes!

dans son cimetière où, laisse-t-il entendre, à la nuit tombée, après les rudes batailles de la journée, ribaudes, palefreniers, déserteurs, apostats, buveurs de whisky, fumeurs de chanvre et suceurs de sang se donnent rendez-vous pour faire ripaille, festoyer et forniquer


Le Radeau de la Méduse


Monsieur de la Méduse est-il le propriétaire de l'embarcation litigieuse ?

Exerce-t-il la profession de passeur d'infoutus ?


Les migrants


Pourquoi les gnous du sud, qui paissaient paisiblement sur les terres verdoyantes de Tanzanie, ont-ils, un jour, infoutument, pris la funeste décision de migrer au Kenya ?

Pour répondre à un dessein divin ? Parce que les lions du nord

- Et les hyènes et les crocos de la rivière aussi ?

- Les chasseurs embusqués et les braconniers opportunistes !

avaient besoin d'eux ?


Les infoutus du marché


Vivent la démocratie du marché, les bidonvilles et les ghettos du marché, les droits de l'homme du marché, les conquêtes sociales du marché, les nationalismes et les tensions communautaires du marché, les guerres d'Irak et d'Afghanistan du marché, le pacifisme et l'humanitaire du marché, les Tours de France et du Qatar du marché, les mosquées, les églises, les synagogues et les temples du marché, les cellules souches du marché, les orphelins et les femmes violées du marché, le socialisme et les syndicats du marché, la viande de chasse et les cossettes de manioc du marché, l'Union européenne et les Nations Unies du marché, le cancer, le sida, la grippe et le paludisme du marché, le Standard Club de Liège et le FC Barcelone du marché, l'énergie nucléaire du marché, la société civile du marché, les bagnes et les camps de concentration du marché, la République populaire de Chine du marché et

- Et les infoutus du marché ?

- Qu'ils crèvent !

les chiottes publiques du Grand Marché de Kinshasa


Un sacré massacre


Les pièges à mâchoires, installés dans les campagnes entourant le château, entre les bois de feuillus et les champs de betterave, n'attrapaient plus personne. Les petits du village (et surtout le p'tit gars poucet et le p'tite garce au chaperon rouge, sa copine) les signalaient aux passants en agitant des drapeaux.


Il a alors été décidé, en haut lieu, de rabattre tous les pauvres (les glaneurs, les maraudeurs, les orpailleurs, les guérisseurs, les braconniers et les contrebandiers) et leur marmaille dans une clairière, encerclée de bâches tendues sur des cordages, où de nombreux et féroces équarisseurs avaient été postés, armés de gourdins, de harpons, de machettes et de baïonnettes.


Mon infoutue soumise à mes questions

- Comment vas-tu, ma p'tite chérie ?

- Je dois répondre à ça ?

- Ben oui, non ?

- Je n'aime pas qu'on me pose ce genre de questions, j'ai l'impression d'être surveillée...